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L'Afrique dite "profonde", par l'intermédiaire de ses sorciers et de ses faiseurs de gris-gris, est -elle capable de doter certains individus de vertus spéciales ? Par exemple, détient-elle le pouvoir de "'blinder " un homme, en le plaçant hors d'atteinte des dangers mortels ? Des réponses à pareilles questions sont, assurément, très délicates ; car le phénomène échappe tout à fait à la raison. Pourtant, le cas du sergent Raphaël Onana est à la fois intéressant et troublant.
Blindé à sa naissance, selon les rites et coutumes les plus anciens, il mène sa vie tambour battant ; il brave l'adversité et méprise tout péril, parce qu'il est conscient et convaincu de la réalité de son blindage. Engagé volontaire à vingt ans, il fait ainsi la Seconde Guerre mondiale au pas de course. Partout, il se comporte comme s'il avait un défi à relever. Gabon, Soudan anglo-égyptien, Palestine, Syrie...il est sur tous les fronts, en pleine bataille.
Les promotions suivent : à vingt-deux ans, il est sergent. Le voici dans le désert de Libye, à Bir-Hakeim, plus précisément, dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, quand la 1ère brigade des Forces Françaises Libres se fraie un passage au beau milieu des lignes allemandes, le sergent Raphaël Onana tombe, la jambe droite criblée de balles. Mais il est vivant. Au petit matin, il est fait prisonnier. Aujourd'hui, il a soixante-seize ans...
Vous le voyez bien : même quand il combat au front, un homme blindé finit toujours par s'en tirer, pour mourir un jour, tranquillement, dans son lit. Dans le cas du sergent Onana, les sages qui l'ont blindé à sa naissance, en 1919, avaient prédit que ce "bébé ne pourrait pas mourir avant d'avoir atteint l'âge où l'homme voit les petits-enfants de ses enfants". Ils n'avaient pas menti.