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Pierre et Rachel vivent une liaison courte mais intense à Châteauroux à la fin des années 1950. Pierre, érudit, issu d'une famille bourgeoise, fascine Rachel, employée à la Sécurité sociale. Il refuse de l'épouser, mais ils font un enfant. L'amour maternel devient pour Rachel et Christine le socle d'une vie heureuse. Pierre voit sa fille épisodiquement. Des années plus tard, Rachel apprend qu'il la viole.
Le choc est immense. Un sentiment de culpabilité s'immisce progressivement entre la mère et la fille. Christine Angot entreprend ici de mettre à nu une relation des plus complexes, entre amour inconditionnel pour la mère et ressentiment, dépeignant sans concession une guerre sociale amoureuse et le parcours d'une femme, détruite par son péché originel : la passion vouée à l'homme qui aura finalement anéanti tous les repères qu'elle s'était construits.
Un livre qui ne peux laisser insensible
L'auteur commence ici par retracer avec minutie le passé de sa mère, dans une petite ville de province austère des années cinquante. Elle dit ensuite en quoi sa propre naissance entre en lien avec la vie de cette femme, sa mère. Comment les deux vont vivre ensemble, apprendre à se connaître, dans les moments difficiles et ceux plus doux.
Si la première partie nous plonge poétiquement et avec nostalgie dans la France d'avant, dans le monde de l'enfance, la deuxième marque une vraie rupture avec le premier ton: Christine raconte cette fois sa relation à sa mère à l'âge adulte, après que sa mère ait appris les attouchements sexuels que son père lui faisait subir étant enfant. En partant d'un cas extrême et personnel, Christine Angot touche à l'universel en nous racontant les soubresauts, les élans de passion, de tristesse, et la force que peut engendrer une relation mère-fille
Un livre qu'on lira en ayant tout au long de sa lecture, en filigrane, l'image de notre propre mère, de ses combats insoupçonnés, et de son amour infini.