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Yosef Hayim Yerushalmi naît dans le Bronx en 1932, au sein d'une famille d'émigrants juifs de Russie, et meurt à Manhattan en 2009. Après avoir enseigné à Harvard University, il occupe jusqu'en 2009 la chaire d'histoire juive de l'université de Columbia. Il a consacré l'essentiel de son travail à l'étude du judaïsme séfarade et des marranes, ces juifs convertis au catholicisme qui continuaient à pratiquer secrètement leur ancienne religion.
S'il faisait des marranes sa spécialité, Yerushalmi se voulait pourtant "historien des juifs" à part entière : la dualité dans laquelle les conversos étaient contraints de vivre leur foi dans la péninsule Ibérique n'était pas, à le lire, sans rapport ni continuité avec la condition juive moderne, qu'elle pouvait éclairer. Selon lui, l'identité juive contemporaine n'est plus tant une question d'héritage qu'une question de choix.
Ces réflexions pionnières sur la relation à la mémoire, à l'histoire et au passé se traduiront par son essai le plus connu, Zakhor : Histoire juive et mémoire juive (1984), un ouvrage qui, en plus d'influencer significativement les historiens juifs de la génération suivante, servira de référence dans les débats sur la mémoire qui traversent le monde intellectuel au cours des années 1980 et 1990 (Birnbaum, Vidal-Naquet, Wieviorka, etc.).
Au début des années 1990, Yerushalmi se penche sur le Moïse de Freud et propose, pour la première fois, une évaluation historienne d'un texte fort débattu, contribuant au lancement d'un large débat de spécialistes autour de la figure de Moïse (avec Derrida notamment). Dans ces entretiens avec sa disciple Sylvie Anne Goldberg, il revient sur sa vie, sur la tension entre la mémoire collective d'un peuple et l'analyse prosaïque des faits.