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Genet, on le sait, voue à la France - à la société française, qui l'a exclu dès sa plus jeune enfance une haine féroce : "[..] oh ! le mot n'est pas fort, haïr la France, c'est rien, il faudrait plus que haïr, plus que vomir la France [...] Mais le lien qui l'unit, lui, l'enfant abandonné à la naissance, dépourvu de famille et de racines, à la langue française - sa langue maternelle - est intime, précieux : "Aujourd'hui je sais qu'à la France m'attache seul mon amour de la langue française [...]".
Cette langue, toutefois, ne peut s'affranchir totalement du contexte social et culturel dans lequel elle demeure engluée. Elle reste, avant tout, celle de l'ennemi. La posture de Genet ne laisse donc pas d'être affectée par une instabilité fondamentale. Instrument de l'ennemi, mais, tout à la fois, instrument de délivrance et instrument de jouissance. C'est précisément cette complexité de la langue genétienne - laquelle traverse, en dépit de son éminente singularité, tout un imaginaire social ainsi qu'un vaste intertexte littéraire - que les présentes contributions ont l'ambition de parcourir et d'interroger.