J'ai été bouleversée par les cinquante premières pages de ce roman, mes larmes qui, depuis longtemps, n'avaient pas coulé pour un livre, sont sorties en ruisseau. Et ce qui m'a le plus touchée dans ce début de livre, et qui en est l'un des points forts, c'est l'amour protecteur de l'auteure pour sa soeur. Tous les petits gestes simples qu'elle a pour cette soeur dans les moments difficiles m'ont émue:
Pacale est toute pâle. Je passe mes bras autour de ses épaules.
Je croise le regard de Pascale et l'espace d'un instant, il n'y a plus que ma soeur, son verre contre le mien et mes yeux dans les siens.
J'ai aussi été très émue par la manière dont elle nous décrit la peine de ses neveux et nièces. Elle décrit très bien cette peine, forcément différente mais forte qui est celle des petits-enfants devant la douleur des grands-parents dont ils sont proches. La relation particulière que le grand-père entretient avec son petit-fils "différent" est touchante et n'en rend que plus perceptible la douleur de comprendre que les beaux moments partagés ne seront désormais que des souvenirs et non des projets d'avenir. Tout sonne juste dans ce roman: le manque de moyens des hôpitaux, le difficile choix du lieu de la sépulture (près de sa propre mère donc à Elbeuf, en Normandie, ou à Paris pour que Raphaël, le petit-fils adoré puisse facilement venir se recueillir?), le lien du vieil homme avec sa mère:
Quand il évoque la mère de sa mère, je crois chaque fois entendre un petit garçon.
Mais aussi la fin des appels téléphoniques du père, qui est aussi un symbole dans Maman. d'Isabelle Alonso. Vient un moment où seul l'enfant appelle son parent mal portant. Et puis Emmanuèle Berheim décrit très bien la double horreur de la mort de son père et de l'obligation à la fois de l'aider et de trouver des solutions pour éviter d'être pénalement poursuivie après sa mort, ce qui signifie aussi le laisser mourir dignement mais loin d'elle ainsi que le fossé qui sépare l'humanité des policiers qui doivent l'interroger et l'inhumanité de la mission qui leur est confiée.
Emmanuèle Berheim ne juge jamais son père mais dans ce qu'elle dit, clairement ou à mots à peine couverts, on sent qu'il ne fut pas un père "classique", ni même facile : un père qui dit à sa fille de treize ans que si ça ne tenait qu'à lui, il en finirait maintenant faisant de sa fille une fille puis une femme anxieuse de retrouver son père mort, un père qui fait sauter sa fille d'un train en marche et la traite de "grosse cloche". Mais c'est un homme qui nous émeut tout de même.
J'ai été bouleversée par les cinquante premières pages de ce roman, mes larmes qui, depuis longtemps, n'avaient pas coulé pour un livre, sont sorties en ruisseau. Et ce qui m'a le plus touchée dans ce début de livre, et qui en est l'un des points forts, c'est l'amour protecteur de l'auteure pour sa soeur. Tous les petits gestes simples qu'elle a pour cette soeur dans les moments difficiles m'ont émue:
Pacale est toute pâle. Je passe mes bras autour de ses épaules.
Je croise le regard de Pascale et l'espace d'un instant, il n'y a plus que ma soeur, son verre contre le mien et mes yeux dans les siens.
J'ai aussi été très émue par la manière dont elle nous décrit la peine de ses neveux et nièces. Elle décrit très bien cette peine, forcément différente mais forte qui est celle des petits-enfants devant la douleur des grands-parents dont ils sont proches. La relation particulière que le grand-père entretient avec son petit-fils "différent" est touchante et n'en rend que plus perceptible la douleur de comprendre que les beaux moments partagés ne seront désormais que des souvenirs et non des projets d'avenir. Tout sonne juste dans ce roman: le manque de moyens des hôpitaux, le difficile choix du lieu de la sépulture (près de sa propre mère donc à Elbeuf, en Normandie, ou à Paris pour que Raphaël, le petit-fils adoré puisse facilement venir se recueillir?), le lien du vieil homme avec sa mère:
Quand il évoque la mère de sa mère, je crois chaque fois entendre un petit garçon.
Mais aussi la fin des appels téléphoniques du père, qui est aussi un symbole dans Maman. d'Isabelle Alonso. Vient un moment où seul l'enfant appelle son parent mal portant. Et puis Emmanuèle Berheim décrit très bien la double horreur de la mort de son père et de l'obligation à la fois de l'aider et de trouver des solutions pour éviter d'être pénalement poursuivie après sa mort, ce qui signifie aussi le laisser mourir dignement mais loin d'elle ainsi que le fossé qui sépare l'humanité des policiers qui doivent l'interroger et l'inhumanité de la mission qui leur est confiée.
Emmanuèle Berheim ne juge jamais son père mais dans ce qu'elle dit, clairement ou à mots à peine couverts, on sent qu'il ne fut pas un père "classique", ni même facile : un père qui dit à sa fille de treize ans que si ça ne tenait qu'à lui, il en finirait maintenant faisant de sa fille une fille puis une femme anxieuse de retrouver son père mort, un père qui fait sauter sa fille d'un train en marche et la traite de "grosse cloche". Mais c'est un homme qui nous émeut tout de même.