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Faut-il faire de la France un pays de propriétaires et liquider le parc HLM de l'après-guerre ? C'est en tout cas le tournant pris par les politiques publiques depuis les années 1970. Etre propriétaire de son pavillon, profiter des attraits de la ville à la campagne, réinventer la sociabilité de voisinage et la mixité sociale, tel est le projet qu'ont vocation à incarner les nouveaux lotissements et que favorisent les aides à l'accès à la propriété.
Mobilisant données statistiques, enquêtes de terrain et témoignages vécus, ce livre montre qu'en nourrissant un vaste mouvement de périurbanisation des classes populaires, la diffusion de la propriété transforme en profondeur leurs conditions d'existence : déstabilisation de l'économie domestique par le poids de l'endettement, éloignement des bassins d'emploi et des réseaux de solidarité, repli des femmes sur la sphère domestique, "mixité" sociale conflictuelle...
Entre la maison individuelle rêvée et le logement standardisé souvent exigu et inachevé que ces "primo-acquérants" ont pu se payer, entre le quartier pavillonnaire imaginé sur papier glacé et le lotissement sous-doté en équipements collectifs et coupé du monde auquel ses habitants se trouvent assignés, ce nouveau monde de "HLM à plat" est gros de tensions dont Anne Lambert souligne l'importance politique pour les années à venir.
Une belle réussite pour un sujet pas toujours facile d'accès... comme le logement, d'ailleurs.
Cette étude assez complète permet de mieux appréhender une réalité de terrain en regard des politiques du logement successives sur une quarantaine d'années.
"Les mots pour le dire..." sont plutôt percutants et accessibles, à partir d'analyses et surtout d'enquêtes de terrain qui constituent la base objectivisée pour des pistes futures.