Ce roman m’est tombé entre les mains un peu par hasard. Le film sortait, les affiches fleurissaient les murs du métro parisien, et une amie a eu l’idée de relire son exemplaire. On en parle, je lui avoue ne l’avoir jamais lu, et paf, elle me le prête, arguant qu’il est tout petit et que je trouverai bien à le caser parmi tous les autres livres qui m’attendent. C’est un classique que je ne connais pas, il est effectivement tout petit, il passe en haut de la pile et je l’ouvre sous peu.
La première partie du roman est un monologue de Thérèse qui est sur le chemin du retour,
après avoir obtenu un non-lieu du tribunal pour la tentative d’empoisonnement sur son mari Bernard. Père, avocat, mari, toute la famille la sait coupable. Dans sa tête, Thérèse se prépare donc aux explications qu’elle devra fournir à Bernard, pour qu’il comprenne ce geste qu’elle a eu.
Elle ne niera pas son crime mais tentera d’expliquer comment elle a pu en arriver là. Son acte n’est pas, n’a jamais été prémédité. Elle se sent prisonnière d’une vie qui n’est pas la sienne, qu’elle regarde comme détachée d’elle-même. Elle est indifférente. Seule son enfance sonne comme une période heureuse. Le reste de sa vie a été dicté par les convenances et ce qu’on attendait d’elle. Au point qu’on sent de la jalousie pour sa belle-sœur Anne qui ose, elle, vivre une passion et se rebeller face au mariage que tente de lui imposer sa famille. Le côté monstre du personnage ressort dans certains traits de caractère : impossible de trouver du plaisir, d’être une mère aimante, de compatir ou de jouir de la joie d’autrui.
Une fois face à son mari, l’auteur retourne à une narration extérieure, accentuant le poids que les conventions vont faire peser sur Thérèse, broyant l’individualité, reniant toute vie en elle. Pourtant, le lecteur sent petit à petit que Thérèse n’est peut-être pas la seule à blâmer de cette situation car Bernard ne l’a guère aidée, n’aura pas été à l’écoute de sa femme. Tout est fait pour qu’elle ressente encore davantage cette sensation d’enfermement qui la perturbe si fort. Et cet enfermement va devenir physiquement réalité.
Si ce roman est très intéressant sur le plan social et sur la condition de la femme, j’ai eu du mal à ressentir ce qui oppresse tant Thérèse. Un regard actuel sur cette situation est forcément déviant car nous sommes aujourd’hui, nous femmes, plus libres, moins obligées par la société. Pouvant se subvenir à elle-même, une femme n’est plus guère contrainte au mariage et confinée dans son rôle d’épouse et de mère. La société aurait peut-être plus facilement pardonnée à Thérèse son geste si elle avait agi par passion. C’est aussi ce qui manque pour que le lecteur moderne s’attache à elle.
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2012/12/therese-desqueyroux-francois-mauriac.html
Thérèse Desqueyroux
Ce roman m’est tombé entre les mains un peu par hasard. Le film sortait, les affiches fleurissaient les murs du métro parisien, et une amie a eu l’idée de relire son exemplaire. On en parle, je lui avoue ne l’avoir jamais lu, et paf, elle me le prête, arguant qu’il est tout petit et que je trouverai bien à le caser parmi tous les autres livres qui m’attendent. C’est un classique que je ne connais pas, il est effectivement tout petit, il passe en haut de la pile et je l’ouvre sous peu.
La première partie du roman est un monologue de Thérèse qui est sur le chemin du retour, après avoir obtenu un non-lieu du tribunal pour la tentative d’empoisonnement sur son mari Bernard. Père, avocat, mari, toute la famille la sait coupable. Dans sa tête, Thérèse se prépare donc aux explications qu’elle devra fournir à Bernard, pour qu’il comprenne ce geste qu’elle a eu.
Elle ne niera pas son crime mais tentera d’expliquer comment elle a pu en arriver là. Son acte n’est pas, n’a jamais été prémédité. Elle se sent prisonnière d’une vie qui n’est pas la sienne, qu’elle regarde comme détachée d’elle-même. Elle est indifférente. Seule son enfance sonne comme une période heureuse. Le reste de sa vie a été dicté par les convenances et ce qu’on attendait d’elle. Au point qu’on sent de la jalousie pour sa belle-sœur Anne qui ose, elle, vivre une passion et se rebeller face au mariage que tente de lui imposer sa famille. Le côté monstre du personnage ressort dans certains traits de caractère : impossible de trouver du plaisir, d’être une mère aimante, de compatir ou de jouir de la joie d’autrui.
Une fois face à son mari, l’auteur retourne à une narration extérieure, accentuant le poids que les conventions vont faire peser sur Thérèse, broyant l’individualité, reniant toute vie en elle. Pourtant, le lecteur sent petit à petit que Thérèse n’est peut-être pas la seule à blâmer de cette situation car Bernard ne l’a guère aidée, n’aura pas été à l’écoute de sa femme. Tout est fait pour qu’elle ressente encore davantage cette sensation d’enfermement qui la perturbe si fort. Et cet enfermement va devenir physiquement réalité.
Si ce roman est très intéressant sur le plan social et sur la condition de la femme, j’ai eu du mal à ressentir ce qui oppresse tant Thérèse. Un regard actuel sur cette situation est forcément déviant car nous sommes aujourd’hui, nous femmes, plus libres, moins obligées par la société. Pouvant se subvenir à elle-même, une femme n’est plus guère contrainte au mariage et confinée dans son rôle d’épouse et de mère. La société aurait peut-être plus facilement pardonnée à Thérèse son geste si elle avait agi par passion. C’est aussi ce qui manque pour que le lecteur moderne s’attache à elle.
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2012/12/therese-desqueyroux-francois-mauriac.html