Terredevie

Si les oeuvres de Monica Mariniello - malgré leur modernité - évoquent l'antiquité , c'est qu'elle est née à Florence en Toscane, où enfant elle a sillonné la campagne en terre étrusque. Cette civilisation est restée pour elle une référence esthétique majeure, sans cesse réinterprétée... Après avoir pris des cours de dessin à l'Académie de Florence, elle intègre l'Ecole des Beaux-Arts de Paris où elle étudie toutes les techniques du modelage jusqu à la soudure.
Ainsi dans son travail, le fer froid et dur se mêle aux terres cuites chaudes et malléables. Terres. Terre omniprésente. Terre lieu d'harmonie et d'équilibre magique où tout avait un sens, où chaque vie faisait partie d'un tout, ce tout permettant à la vie de se perpétuer. Mais aujourd'hui la bêtise, l'avidité, la cruauté des Hommes mettent en péril la vie dans sa richesse infinie. Monica Mariniello considère comme aberrante cette suprématie que les humains ont imposée au reste du monde vivant et est particulièrement hantée par la relation homme/ animal.
Les Hommes auraient-ils perdu leur âme ? Dans ses sculptures, une certaine théâtralité, parfois accompagnée d'un humour voilé et un peu grinçant, se mile à une recherche d'harmonie et d'équilibre. Chaque individu s'agrège au groupe, faisant naître un ensemble dynamique, la force de la pluralité lui donnant ainsi son entité et son âme. Et c'est justement l'âme - qu'elle soit humaine ou animale - que l'artiste cherche à restituer et qui habite littéralement la matière de ses oeuvres.
Entièrement consacré à ses sculptures en terre cuite, cet ouvrage présente un panorama du travail de Monica Mariniello sur près de vingt ans, à travers plus de cent photos d'oeuvres et une dizaine de textes. Le lecteur pourra ainsi assister - et en rira peut-être - au spectacle du monde, avec tout un peuple de petites têtes du Teotrum Mundi : "Elle vole des instants, des émotions intenses, des faiblesses attachantes, des sourires, des regards, des grimaces, des forces inavouées et invite le spectateur à en faire autant." (extrait du texte de Silvestre Mariniello).
Puis avec Les Voyageurs il parcourra la Terre à dos d'animal, se laissant guider par lui, car l'animal connaît la route : "Sans aucun artifice, indomptables et affables. Telle une fable. Une trêve. Un rêve. Humain, animal. Animus, anima." (extrait du texte de Laurence Dugas-Fermon). Un peu plus loin dans Oh Terra mio aura lieu le triste constat des outrages que notre humanité fait subir à la planète, dont une " Réinterprétation contemporaine de La Piero fortement marquée par l'extinction progressive de la biodiversité.
(extrait du texte de Romain Arazm). Avec Only One se réalise comme une synthèse entre les personnages : "Monica anoblit chaque posture, humaine ou animale, restaurant le lien invisible du cosmos, de l'être et du regard." (extrait du texte de Christian Noorbergen). Enfin dans Terrehumaine, il sera temps pour les Hommes d'opérer une forme de retour aux sources en ne faisant plus qu'un avec la végétation : "Le rêve s'intensifie, le silence s'enrichit du bruit imperceptible de la végétation qui croit.
Angoisse ou union sacrée, tout le vivant s'unifie pour perpétuer le miracle." (citation de Monica Mariniello). Ainsi espérons avec Monica que "Le spectateur entre dans une dimension espace-temps différente, où se retissent les liens entre l'homme et son esprit, et où chacun retrouve la part de sacré enfouie au fond de lui-même."