Sur l'autre rive

Donc il y a trois mouvements, ces trois façons de dire la même chose, l'unique, où je voudrais me tenir. Il y a, déjà paru, Incipit: la forme brève, concentrée à l'extrême. Il y aura, si je puis, le déploiement d'Incipit : faire venir au jour, ou faire fructifier, ce que je pressens là, et qui me donne parfois le vertige. Et il y a ceci : le bouillonnement, le foisonnement, l'espèce d'explosion que j'ai connue il y a deux ans. Ça m'est venu par le travers : j'écrivais, laborieusement, sur la "seconde humanité", à partir de la situation présente, politique, économique, et ce qui s'ensuit. Arrivé au coeur de l'affaire - où il s'agit justement de la venue et de la naissance de cette humanité seconde - mon texte a en quelque sorte crevé : il m'est venu ceci, que j'écris, où j'ai le sentiment d'entendre enfin ce que j'essaie de dire depuis - combien ? trente ans ?... Depuis toujours, depuis ma vie. Ce sera donc un texte exploratoire, divaguant. On n'y trouvera pas la mise en ordre consommée. Ce ne sera point ligne et belle suite; mais foisonnement, arborescence, jardin un peu fou où chaque plante croît selon sa nature - le jardinier préféré leur verdeur à sa propre sagesse. Passage sur l'autre rive, du moins je l'espère. M.B.