En cours de chargement...
À découvrir
J’ai tout d’abord été interpelée par le titre de ce manga, puis par sa belle couverture aux tons ternes et déprimants, nous mettant directement dans l’ambiance de ce seinen. Le suicide est en effet un gros problème au Japon, société soumise à un stress quotidien et aux harcèlements moraux et physiques très fréquents. Suicide Island tape donc d’emblée là où ça fait mal mais il le fait avec tact et pudeur. On est loin des massacres à la Battle Royale même s’il y a tout de même quelques images « dures » comme à l’arrivée des suicidaires sur l’île. Le mangaka semble
privilégier la psychologie, le caractère de ses personnages pour mon plus grand plaisir. Voir des scènes de violence gratuite juste pour le plaisir de montrer du sang et du gore, je n’adhère pas vraiment…
Kouji Mori a abordé toutes sortes de réactions face à cet exil aussi involontaire qu’imprévu. Il y en a qui abandonnent dès le départ, d’autres qui veulent se battre contre ce destin qu’on leur impose, mais beaucoup hésitent, sont perdus, ne savent que faire ni comment réagir, préférant voir en Ryô un meneur à suivre comme autant de moutons suivant le troupeau… Sei, le héros, n’appartient réellement à aucun des groupes qui se mettent en place. Il ne trouve pas sa place et se tourmente plus que de raison.
Face au manque de nourriture, les instincts les plus primaires se réveillent et Sei se retrouve enfermé dans la spirale infernale l’ayant mené droit à l’hôpital en tant que récidiviste. Il recommence à se couper avant de se reprendre en mains comme à chaque fois. Quoi qu’il en dise, il se bat pour rester en vie, ce qui est vraiment contradictoire pour un suicidaire, mais il le réalise lui-même peu à peu et c’est un tout nouveau Sei déterminé et remontant la pente que l’on trouve à la fin de ce premier tome prometteur.
Glauque
Le gouvernement japonais ne veut plus supporter les frais de soins et d'hospitalisations des suicidaires récidivistes. Aussi a-t-il été décidé de les déporter sur une île : Suicide island. Sans aucune ressource, abandonnés dans une nature hostile, ils sont désormais livrés à eux-mêmes, sans plus aucun lien avec leur pays d'origine où ils ont été rayés des registres de l'Etat civil. Sei est l'un d'entre eux. Quand il se réveille sur cette île inconnue, il s'interroge : doit-il essayer d'en finir une fois pour toute ou faut-il lutter pour survivre?
Le suicide, un sujet délicat et dérangeant pour un manga à l'ambiance glauque, voire malsaine. Les exilés réagissent de façon différente à leur nouvelle situation. Certains choisissent de se jeter du haut d'une falaise, d'autres restent apathiques et d'autres encore se démènent pour trouver des vivres et un toit, amorçant ainsi un début de volonté de vivre en contradiction avec la raison de leur présence sur l'île. Mais ils sont totalement seuls au monde et les règles qui régissaient la société dont ils sont issus n'ont plus cours. Les menaces, le vol, le viol sont possibles car demeureront impunis. Certaines scènes sont donc à la limite du supportable, tant elles sont vulgaires, dans les mots et dans les dessins. Ces derniers ne sont d'ailleurs dans l'ensemble pas terribles. Les personnages se ressemblent tant qu'il est souvent difficile de les différencier, ce qui nuit à la clarté de l'histoire.
Il y a sans doute un but caché derrière tout cela. Le gouvernement souhaite peut-être leur redonner la volonté et la force de vivre; ou alors ils sont les cobayes d'une expérience scientifique, ou autre chose, peu importe, ce premier tome n'est pas suffisamment convaincant pour donner envie de connaitre la suite.