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Emoi, saisissement, «délicieuse horreur» pour reprendre l'oxymore consacré d'Edmund Burke : autant de sensations qui caractérisent l'expérience du sublime, ce singulier sentiment d'attraction mêlée d'effroi que nous éprouvons face à la puissance et aux déchaînements des éléments. Né au coeur du XVIIIe siècle, ce concept esthétique s'offre ici avec à-propos comme le fil conducteur d'une relecture de l'histoire passionnée que l'humanité entretient avec la nature dans tous ses excès.
Au-delà des notions de beauté et de contemplation, cet ouvrage explore l'ambivalence de cet attrait persistant en faisant dialoguer oeuvres anciennes et contemporaines, de Léonard de Vinci à Lars von Trier, en passant par Christo et Jeanne-Claude, Gina Pane, Robert Smithson, Ana Mendieta, Laurent Grasso ou encore Giuseppe Penone. A l'heure du bouleversement de nos écosystèmes et des discours alarmistes, ce parcours manifeste la mutation radicale de la notion de sublime au cours du XXe siècle : l'avènement de la conscience environnementale s'accompagne de l'appel à une relation réenchantée et pacifiée à la nature qu'il reste à inventer.
Sublime désastre
Approcher la catastrophe par la notion ancienne de sublime, c'est questionné cette ambivalence de l'homme à la nature car la jouissance esthétique n'est pas toujours la jouissance d'un désir de préservation. Oscar Wilde nous dit que c'est Turner qui a fait regarder les brouillards de la Tamise, "révélations sensibles".... Héraclite disait aussi : "le monde le plus beau est comme un amoncellement de décombres jetés au hasard". Il y a donc dans la nature source d'une fascination ambiguë et singulière et peut-être par le regard de l'artiste le moyen d'interroger différemment nos peurs ou fantasmes face au spectacle d'un chaos permanent... Le romantisme, le premier a ausculté cette tragédie du paysage... Quels imaginaires de la catastrophe aujourd'hui ? Une exposition essentielle et un catalogue indispensable. Sublime.