Strega, roman atmosphérique, hypnotique. Où tout y est perception, vibrations, des parfums aux couleurs, du digital à la sensation.
Une histoire d'hôtel étrange où personne ne vient, isolé dans une géographie montagneuse, des jeunes femmes que l'on embauche comme une sororité. Sorte de représentation sacrificielle du groupe, de la communauté, peut-être sont-elles là pour une raison particulière, mais laquelle ?
Avec son écriture au toucher sensible et sensitif - une écriture que l'on peut respirer, que l'on peut entendre -, Johanne Lykke Holm distille un univers vraiment
singulier, profond. Alain Resnais et Hitchcock sont dans un bateau... Ténébreux et chaud. Menaçant et ennuyeux.
Il y a comme une idée de déliquescence, à voir cet isolement d'un hôtel qui fut en son temps, prestigieux. A observer ces jeunes femmes entourées d'ombres, comme si elles menaient une vie entre le fantôme et la chair, entre la douceur et la peur.
Strega est un rythme entêtant, tendu, un charme qui dévore, une ambiance qui parfois étouffe, parfois empoétise. Angoissant, comme d'avoir croqué dans un champignon sans avoir lu la notice.
Strega, Strega, Strega...
Je crois bien que Strega c'est plus qu'un livre, c'est une sensation.
Vous savez, cette sensation bizarre lorsqu'on s'éveille au beau milieu de la nuit, en plein rêve, luttant pour se souvenir de tout.
Et, une fois l'aurore approchant, avoir la curieuse impression de se souvenir de rien.
Cette lecture, c'est précisément cela. Est-ce réel ? Est-ce un rêve ?
Strega, comme la terre des brumes, un endroit suspendu dans le temps.
Strega, comme une saveur onirique s'évaporant de chaque pages.
Strega, comme un joyau merveilleux duquel on ne peut détourner le regard.
On devient amoureux de Strega, on en devient fou, on en a presque peur !
L'impression d'avoir navigué avec Ulysse hypnotisé par le doux chant des sirènes.
Une expérience de lecture, une foutue bonne expérience qui dévore l'esprit tout entier...