Certains livres de souvenirs peuvent constituer un témoignage historique sur une période clef de l’histoire du monde, c’est le cas de cet excellent ouvrage d’André François-Poncet intitulé “Souvenirs d’une ambassade à Berlin” et qui correspond au moment où il fut ambassadeur de France en Allemagne de septembre 1931 à octobre 1938.
François-Poncet arrive dans la capitale allemande au moment où le pays est sur point de basculer politiquement. C’est encore le vieil Hindenburg qui est chancelier mais comme l’écrit le nouvel ambassadeur “La situation reste dominée (…) par les intrigues et les manoeuvres des organisations nationalistes.” Mais ces mouvements sont encore divisés. L’ambassadeur français au fil des pages décrit la montée des extrêmes et l’incompréhension des responsables français face à la dégradation de la situation.
L’ambassadeur se livre à une distinction savante entre les différents mouvements nationalistes qui, aujourd’hui, sauf pour les spécialistes, sont méconnus. Ainsi découvre-t-on l’un des mouvements concurrents comme Le Casque d’acier : “Entre le casque d’acier et les milices brunes les relations n’ont jamais été très chaleureuses. Elles s’enveniment de jour en jour. Le casque d’Acier réprouve les illégalités des SA, il blâme la campagne antisémite.” Par petites touches le lecteur découvre des réalités que la grande histoire a recouvert et comme toujours le bloc que donne à voir les manuels scolaires se fissure.
Les rencontres avec Hitler sont tout à fait savoureuses. Le Fuhrer déclare au diplomate français : “Si j’ai une ambition, c’est qu’on puisse un jour m’élever un monument, comme à l’homme qui aura réconcilié la France et l’Allemagne !” L’ambassadeur ajoute que le chancelier avait un air de parfaite sincérité quand il prononça ces paroles.
Cette réédition de l’ouvrage d’André François-Poncet est importante car elle donne à lire un témoignage de premier plan par un diplomate qui n’avait pas sa plume dans sa poche. Ce livre a, par ailleurs le mérite, de faire surgir l’histoire sous nos yeux au moment où le nazisme s’apprête à mettre l’Europe à feu et à sang.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
Certains livres de souvenirs peuvent constituer un témoignage historique sur une période clef de l’histoire du monde, c’est le cas de cet excellent ouvrage d’André François-Poncet intitulé “Souvenirs d’une ambassade à Berlin” et qui correspond au moment où il fut ambassadeur de France en Allemagne de septembre 1931 à octobre 1938.
François-Poncet arrive dans la capitale allemande au moment où le pays est sur point de basculer politiquement. C’est encore le vieil Hindenburg qui est chancelier mais comme l’écrit le nouvel ambassadeur “La situation reste dominée (…) par les intrigues et les manoeuvres des organisations nationalistes.” Mais ces mouvements sont encore divisés. L’ambassadeur français au fil des pages décrit la montée des extrêmes et l’incompréhension des responsables français face à la dégradation de la situation.
L’ambassadeur se livre à une distinction savante entre les différents mouvements nationalistes qui, aujourd’hui, sauf pour les spécialistes, sont méconnus. Ainsi découvre-t-on l’un des mouvements concurrents comme Le Casque d’acier : “Entre le casque d’acier et les milices brunes les relations n’ont jamais été très chaleureuses. Elles s’enveniment de jour en jour. Le casque d’Acier réprouve les illégalités des SA, il blâme la campagne antisémite.” Par petites touches le lecteur découvre des réalités que la grande histoire a recouvert et comme toujours le bloc que donne à voir les manuels scolaires se fissure.
Les rencontres avec Hitler sont tout à fait savoureuses. Le Fuhrer déclare au diplomate français : “Si j’ai une ambition, c’est qu’on puisse un jour m’élever un monument, comme à l’homme qui aura réconcilié la France et l’Allemagne !” L’ambassadeur ajoute que le chancelier avait un air de parfaite sincérité quand il prononça ces paroles.
Cette réédition de l’ouvrage d’André François-Poncet est importante car elle donne à lire un témoignage de premier plan par un diplomate qui n’avait pas sa plume dans sa poche. Ce livre a, par ailleurs le mérite, de faire surgir l’histoire sous nos yeux au moment où le nazisme s’apprête à mettre l’Europe à feu et à sang.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)