Comme Marguerite Duras dans son cycle indochinois, Pak Wan-seo est revenue tout au long de son oeuvre sur ce moment marquant de sa vie que seule la réécriture littéraire pouvait rendre tolérable : son enfance sous une mère veuve et sombre qui veut faire d'elle une "femme moderne" et sa jeunesse pendant la guerre de Corée qui lui arrache un frère aîné aimé et haï à la fois. Pak Wan-seo choisira de commencer son cycle, et sa carrière tardive d'écrivaine, en 1970, par ce qui sera en fait le dernier épisode : la découverte, malheureuse, de l'amour en pleine guerre (L'Arbre nu, Atelier des Cahiers, 2024).
Après une série de trois nouvelles dans les années 1980 qui l'amènent à revisiter de manière autobiographique son enfance (Le Piquet de ma mère 1, 2 et 3), l'auteure perdra à quelques mois d'intervalle en 1988 son mari puis son fils. Plongée à son tour dans la détresse de sa mère, elle choisira l'écriture autobiographique pour revisiter ce complexe de douleurs familiales et s'en distancier par la fiction.
Comme une métaphore obsédante, son travail autofictionnel reprend les mêmes thèmes du Piquet en 1992 avec Hors les murs (Atelier des Cahiers, 2012, réédition poche hiver 2025), roman limpide qui rencontrera un immense succès en Corée du Sud avec 1,5 millions de ventes. En 1995, Pak publie Souvenir d'une montagne, volume dont le récit se situe chronologiquement entre Hors les murs et L'Arbre nu. Souvenir d'une montagne offre dans sa première partie une rare restitution du quotidien des quelques civils restés à Séoul alors que la ville était tour à tour envahie puis abandonnée par l'armée populaire nord-coréenne et par l'armée nationale sud-coréenne.
Pak Wan-seo a vécu cette guerre au plus près et son expérience personnelle constitue un atout précieux pour nous en livrer une véritable chronique. Elle restitue ses souvenirs avec précision et honnêteté, non sans se départir d'une certaine dose de dérision. Le récit recrée avec finesse les jours de famine et de barbarie, les balluchons des réfugiés, les bourgeons de magnolia près de fleurir dans un village calciné, ainsi que les blessures intérieures de la narratrice.
Les scènes du marché de Donam-dong et du magasin de l'armée américaine après la reprise de Séoul par l'armée nationale sont d'un réalisme impressionnant. Ainsi, avec son ton dont la franchise peut surprendre, Pak Wan-seo ressuscite un passé qu'elle avait médité durant plus de quarante ans. La violence de la guerre, la frustration et la douleur y sont passées au filtre d'un regard profondément humain.
Comme Marguerite Duras dans son cycle indochinois, Pak Wan-seo est revenue tout au long de son oeuvre sur ce moment marquant de sa vie que seule la réécriture littéraire pouvait rendre tolérable : son enfance sous une mère veuve et sombre qui veut faire d'elle une "femme moderne" et sa jeunesse pendant la guerre de Corée qui lui arrache un frère aîné aimé et haï à la fois. Pak Wan-seo choisira de commencer son cycle, et sa carrière tardive d'écrivaine, en 1970, par ce qui sera en fait le dernier épisode : la découverte, malheureuse, de l'amour en pleine guerre (L'Arbre nu, Atelier des Cahiers, 2024).
Après une série de trois nouvelles dans les années 1980 qui l'amènent à revisiter de manière autobiographique son enfance (Le Piquet de ma mère 1, 2 et 3), l'auteure perdra à quelques mois d'intervalle en 1988 son mari puis son fils. Plongée à son tour dans la détresse de sa mère, elle choisira l'écriture autobiographique pour revisiter ce complexe de douleurs familiales et s'en distancier par la fiction.
Comme une métaphore obsédante, son travail autofictionnel reprend les mêmes thèmes du Piquet en 1992 avec Hors les murs (Atelier des Cahiers, 2012, réédition poche hiver 2025), roman limpide qui rencontrera un immense succès en Corée du Sud avec 1,5 millions de ventes. En 1995, Pak publie Souvenir d'une montagne, volume dont le récit se situe chronologiquement entre Hors les murs et L'Arbre nu. Souvenir d'une montagne offre dans sa première partie une rare restitution du quotidien des quelques civils restés à Séoul alors que la ville était tour à tour envahie puis abandonnée par l'armée populaire nord-coréenne et par l'armée nationale sud-coréenne.
Pak Wan-seo a vécu cette guerre au plus près et son expérience personnelle constitue un atout précieux pour nous en livrer une véritable chronique. Elle restitue ses souvenirs avec précision et honnêteté, non sans se départir d'une certaine dose de dérision. Le récit recrée avec finesse les jours de famine et de barbarie, les balluchons des réfugiés, les bourgeons de magnolia près de fleurir dans un village calciné, ainsi que les blessures intérieures de la narratrice.
Les scènes du marché de Donam-dong et du magasin de l'armée américaine après la reprise de Séoul par l'armée nationale sont d'un réalisme impressionnant. Ainsi, avec son ton dont la franchise peut surprendre, Pak Wan-seo ressuscite un passé qu'elle avait médité durant plus de quarante ans. La violence de la guerre, la frustration et la douleur y sont passées au filtre d'un regard profondément humain.