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Le désordre actuel de l'école est d'abord un désordre de la pensée. Or, nous avons, en nombre, d'excellents penseurs, très compétents. Entre eux et les décideurs du système scolaire, il y a des visites, en carrosse, des débats polis, des rencontres. Mais leur action bute sur la Grande Muraille sociale. De l'autre côté, personne n'entend jamais parler de ces théoriciens, de ces pédagogues, personne ne s'y intéresse, et personne n'utilise leur langue, ni les parents d'élèves, ni les maîtres d'école.
La population vit sa vie, avec son immense variété et sa propre vision du monde, heurtée par les changements rapides de l'évolution. C'est de cet autre côté que Jacqueline Chebrou a arpenté, pendant 38 ans, la campagne et la banlieue. C'est là qu'elle a tenté d'apprendre à enseigner, et à penser. Non pas penser pour les élèves, mais avec eux, face au défi quotidien du réel, ce grand obstacle, ce grand contradicteur, ce grand régent.
Cet ouvrage évoque seulement l'école obligatoire, jusqu'à 16 ans. A l'entrée en seconde, après la première orientation, c'est-à-dire la sélection (seconde normale ou BEP), le triage culturel et social est fait. Il s'agit alors d'une autre situation, et presque d'un autre métier.
