En cours de chargement...
Au coeur de Si Clara..., quatre vies entrent en collision et vacillent au vent de l'inattendu. Daisy, écrivain alité à la suite d'un accident de vélo, découvre un manuscrit anonyme sur le pas de sa porte. Tandis qu'elle plonge dans cette fascinante histoire, celle d'une jeune Syrienne débarquée à Toronto, elle est tentée de la publier comme si elle en était elle-même l'auteur, mais en a-t-elle le droit ? Julia, qui s'occupe d'une galerie d'art, est loin de se douter que sa soeur, Clara, a écrit un roman.
Et pour cause, Clara est atteinte de troubles psychologiques qui lui font entendre des voix et la poussent à vivre en marge du monde. Quant à Maurice, passionné d'aviation, il ne sait pas qu'il s'apprête à découvrir l'amour lorsqu'il regarde pour la première fois dans la paire de jumelles disposée par un artiste dans la galerie de Julia. Roman choral et miroir dans lequel les perspectives et les frontières sont perpétuellement mouvantes, Si Clara...
questionne l'art, le langage, ce qu'on nomme la folie et la réalité, et s'interroge sur ce que pourraient être nos vies une fois le mode "pilote automatique" désenclenché.
Avec des SI ...."La Tafhamni Ghalat"....
« Si Clara … ». est un fort joli roman, qui entrecroise les portions de destin des ses 4 personnages principaux si attachants, mis en scène autour d'une exposition d'art contemporain à tendance voyeuriste et de l'édition d'un roman sur l'immigration syrienne à tendance autobiographique ...
Ici pas d'héroisme ni de geste édifiant mais une constante attention à la poésie du hasard : les dialogues et les monologues sont parfois surréalistes mais jamais délirants, et les trajectoires surprenantes ; il s'agit de bien se comprendre, entre nous les humains, et ça n'est pas toujours facile -d'autant que mourir de joie n'est pas exclu.... La vie est une aventure faite de rencontres et celle de ce livre est belle : il fourmille de considérations bourrées de sens, exemple p127 « une vague de nausée m'a submergé quand j'ai découvert ce que Simon le basset et moi avions en commun : un insatiable besoin de validation.(..)C'est dans cette ère du chien névrosé que nous vivons. », et l'amour n'est jamais acquis contrairement au contenu dans son contenant :
Clara au sujet de sa mère p102 « je ne saurai peut etre jamais ce que je ressens véritablement pour Alice » ; puis p 108 « oblitérer des années et des années de contenu visuel, olfactif et auditif s'avère impossible.Contenu étant ce qui contient, rien à voir avec le sentiment de contentement. Je ne dis pas que j'étais contente mais que j'étais le contenu du fantasme de quelqu'un. Je me souviens de la caresse de l'eau, et de ma certitude d'appartenir à l'eau quand elle s'alliait pour faire des vagues. »
et Maurice à Bruce p130 « elle s'étend la méfiance, tu ne comprends pas ça ? Gangrène sociale, intimités amputées, c'est à cela que mène la surveillance des parents, et des amants, chacun espionnant l'autre. »
Avec ce « si » …chaque vie est un roman potentiel. Merci à Martha Baillie de faire vivre ici cette vérité pour nous tous.