La sexualité s'avère une activité (« activité »?) éminemment complexe pour laquelle on ne dispose ni de modèle ni de mode d'emploi universel ; il saute aux yeux qu'en amont du sujet s'impose le pluriel…. Intimité et société, tendresse et violence, sauvagerie et contrat, désir et norme.... elle est un thème qui convoque dualités, dualisme, conflictualité, fait l'objet de classifications, de discours « scientifiques ».... Les trois auteurs ici se livrent à un vrai « travail » comme on ouvre un chantier, davantage d'énonciation que d'élucidation ; on n'en aura jamais
fini avec ça, personne n'aura jamais le dernier mot, et c'est la seule chose qu'on sache vraiment. Iconoclastes, impertinents, avec rigueur logique et érudition, les trois auteurs de ce livre parcourent l'histoire et l'actualité pour nous en éclairer les résonances qu'elles font entendre avec « ça » ; en la matière, tout n'est-il pas dans la manière ? L'articulation des luttes pour l'émancipation sociale et l'émancipation sexuelle y apparaît comme question de fond traversant cet essai (surtout la partie de Zizek, mon philosophe slovène préféré..) : se libérer de l'oppression, de la domination, de l'emprise et vivre une sexualité épanouie entretiennent des relations compliquées, certes, mais o combien passionnantes et, désolée mais...indissociables.
Usage ou incorporation, hiérarchie ou antagonisme?La jouissance, Lacan (« aucune opposition symbolique (actif/passif, maitre/esclave) ne peut déterminer adéquatement la différence sexuelle »-explicitation enfin claire au passage du fameux « il n'y a pas de rapport sexuel » de Lacan par Zizek ; en revanche il y a bien usage ou mésusage de la différence sexuelle, selon, comment on la vit et voit...) et l'Autre (oui, des gens qui veulent se marier avec eux-memes ça existe..) irriguent ces pages : mieux vaut etre un peu sensible au fait psychanalytique pour pleinement apprécier ce livre, en revanche aucun « niveau » n'est requis pour en saisir le propos. Et les dernières pages (de Lucchelli disséquant les discours inanes sur le « cerveau garçon/fille » d'un Baron-Cohen ou les contradictions militantes d'une VVittig à la lumière des matemata de Lacan) sont juste géniales.
A moins que cette question ne laisse totalement froid, on ne peut rester insensible à ce triple essai lumineux publié par les valeureuses Editions Michèle : « pourquoi détourner des millions est acceptable alors que montrer son pénis à quelques personnes vous transforme sur le champ en paria ? »(la famille royale d'Angleterre met l'argent qu'elle reçoit de la collectivité sur des comptes off-shore, c'est normal ; Louis CK voit sa carrière ruinée pour cause d'exhibitionnisme..normal aussi.)
Et si le danger le plus menaçant (tout du moins pour ceux qui considèrent le fascisme par-exemple-au-hasard comme une menace …) venait in fine du Politiquement Correct allié aux dites « sciences cognitives » qui chosifient la pensée à coup de « cerveau » ?
Car ll pourrait bien s'avérer urgent de se laisser la possibilité d'« ouvrir l'orientation de l'illimité et de l'incommensurable par laquelle l'etre parlant est nécessairement concerné »p213....
« ce qui résiste à rentrer dans tout moyenne statistique »....
La sexualité s'avère une activité (« activité »?) éminemment complexe pour laquelle on ne dispose ni de modèle ni de mode d'emploi universel ; il saute aux yeux qu'en amont du sujet s'impose le pluriel…. Intimité et société, tendresse et violence, sauvagerie et contrat, désir et norme.... elle est un thème qui convoque dualités, dualisme, conflictualité, fait l'objet de classifications, de discours « scientifiques ».... Les trois auteurs ici se livrent à un vrai « travail » comme on ouvre un chantier, davantage d'énonciation que d'élucidation ; on n'en aura jamais fini avec ça, personne n'aura jamais le dernier mot, et c'est la seule chose qu'on sache vraiment. Iconoclastes, impertinents, avec rigueur logique et érudition, les trois auteurs de ce livre parcourent l'histoire et l'actualité pour nous en éclairer les résonances qu'elles font entendre avec « ça » ; en la matière, tout n'est-il pas dans la manière ? L'articulation des luttes pour l'émancipation sociale et l'émancipation sexuelle y apparaît comme question de fond traversant cet essai (surtout la partie de Zizek, mon philosophe slovène préféré..) : se libérer de l'oppression, de la domination, de l'emprise et vivre une sexualité épanouie entretiennent des relations compliquées, certes, mais o combien passionnantes et, désolée mais...indissociables.
Usage ou incorporation, hiérarchie ou antagonisme?La jouissance, Lacan (« aucune opposition symbolique (actif/passif, maitre/esclave) ne peut déterminer adéquatement la différence sexuelle »-explicitation enfin claire au passage du fameux « il n'y a pas de rapport sexuel » de Lacan par Zizek ; en revanche il y a bien usage ou mésusage de la différence sexuelle, selon, comment on la vit et voit...) et l'Autre (oui, des gens qui veulent se marier avec eux-memes ça existe..) irriguent ces pages : mieux vaut etre un peu sensible au fait psychanalytique pour pleinement apprécier ce livre, en revanche aucun « niveau » n'est requis pour en saisir le propos. Et les dernières pages (de Lucchelli disséquant les discours inanes sur le « cerveau garçon/fille » d'un Baron-Cohen ou les contradictions militantes d'une VVittig à la lumière des matemata de Lacan) sont juste géniales.
A moins que cette question ne laisse totalement froid, on ne peut rester insensible à ce triple essai lumineux publié par les valeureuses Editions Michèle : « pourquoi détourner des millions est acceptable alors que montrer son pénis à quelques personnes vous transforme sur le champ en paria ? »(la famille royale d'Angleterre met l'argent qu'elle reçoit de la collectivité sur des comptes off-shore, c'est normal ; Louis CK voit sa carrière ruinée pour cause d'exhibitionnisme..normal aussi.)
Et si le danger le plus menaçant (tout du moins pour ceux qui considèrent le fascisme par-exemple-au-hasard comme une menace …) venait in fine du Politiquement Correct allié aux dites « sciences cognitives » qui chosifient la pensée à coup de « cerveau » ?
Car ll pourrait bien s'avérer urgent de se laisser la possibilité d'« ouvrir l'orientation de l'illimité et de l'incommensurable par laquelle l'etre parlant est nécessairement concerné »p213....