A lire les sermons d'Eugen Drewermann, on découvre l'autre visage du théologien allemand, dont on n'a voulu retenir à tort que les attaques vitriolées contre la hiérarchie ecclésiale. Derrière l'auteur de Fonctionnaires de Dieu, derrière "l'homme qui fait trembler l'Eglise", il y a Drewermann le prédicateur, témoin d'une foi qui n'est pas acceptation d'un dogme ou d'une norme mais victoire de la Vie sur le désespoir et la mort.
Beaucoup, aujourd'hui, désabusés par l'écroulement des messianismes modernes, par la rigidité des institutions religieuses et par l'affadissement du message chrétien, que dénonce le théologien de Paderborn, croient ne plus croire. Ni aux prophètes de l'Ancien Testament, qu'ils ignorent, ni à l'Evangile, qu'ils ne lisent plus, ni surtout en eux-mêmes. Drewermann parle avant tout pour ceux-là. "Prêtre pour les hommes", il s'appuie sur les textes du calendrier liturgique de Carême et de Pâques pour nous montrer le caractère entier, radical, subversif.. et finalement rédempteur de l'utopie évangélique.
"Jésus, proclame-t-il, n'attendait pas la résurrection des morts, il la vivait, dans cette vie terrestre, si bien qu'à ses côtés, on voyait se redresser et reprendre courage des hommes qui, jusque-là, traversaient péniblement la vie en courbant l'échine, accablés. Un élan de liberté qui ne se laisse pas écraser : voilà ce qu'est Pâques. Tel est le message de Jésus : la résurrection s'accomplit longtemps avant la mort, elle commence aujourd'hui même."