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Découpes en losange aux volets, plates-bandes alignées au cordeau, collections de porte-clés, de bobines ou de statuettes de saints, pommes de terre cuites à la minute près. Gaëlle Heureux plante des décors résolument kitsch et y installe des personnages cueillis sur le vif. Se glissant dans la peau de l'expert-comptable retraité, du petit garçon consigné au chevet de son arrière-grand-mère, du moine qui apprend à nager, du mari rêveur ou de l'épouse modèle, elle les arrache à la paix étrange, creuse et blanche dans laquelle ils semblaient se complaire.
Dès lors, tous les dérapages sont permis.
"Eclats farfelus"
Ce sont quinze très courtes nouvelles qui mettent en scène des personnages en pleine impasse existentielle. On y trouve des fins d’un couple, des fins de vie, des déménagements. J’ai aimé l’ambiance un peu absurde de ces tranches de vie singulière. Les personnages ont souvent des vies simples, voire médiocres mais ont un regard franc et direct sur ce qu’il leur arrive. C’est un monde plutôt rural, là où les habitudes sont fortement ancrées.
Le ton est parfois ironique, souvent drôle et quelques nouvelles montrent une très belle sensibilité, notamment Les avaleurs de violoncelle qui montre un petit garçon face à la fin de vie de son arrière grand-mère ou Des fleurs toute l’année le récit d’une jeune femme couverte de fleurs et de coups.
L’auteur parvient ainsi à allier fantaisie et réalité en nous divertissant de situations cocasses qui peuvent parfois nous émouvoir mais immanquablement nous touchent.
J’ai apprécié les "éclats farfelus d’imaginaire" qui parfois nous mènent sur de folles hallucinations, et surtout l’humour. Et pour ne vous citer que cette idée : croyez-moi, le jour où les cercueils de luxe seront équipés de téléphone portable, vous ne regarderez plus sonner votre portable de la même manière.
Un premier recueil et une auteure à découvrir.