Le 6 juin 2018, Rosine Delsaux, 35 ans, tue ses deux petites filles Chloé 4 ans et Manon 6 ans, en les noyant dans leur bain.
Pourtant Rosine avait tout pour faire des envieux, un couple parfait, des fillettes adorables, des parents aimants et un métier d’assistante sociale dans une PMI qui la satisfaisait pleinement.
Mais Clélia, l’enquêtrice de personnalité déléguée par le juge d’instruction chargé de l’affaire, est persuadée qu’il y a forcément un événement, dans le passé de cette criminelle, qui a déclenché son passage à l’acte et elle est bien décidé à le
mettre au jour.
Il faut dire que Clélia a l’habitude de bousculer les préjugés et son mentor et protecteur, Isaac, le juge, dit d’elle qu’elle est « une empêcheuse de penser en rond ». Ses méthodes sont peu banales, elle est impulsive, excessive, elle aime les hommes et la moto et elle est surtout une brillante psychologue.
Ce roman retrace, à la manière d’un essai, les manœuvres d’approche psychologique employées par Clélia pour amener les protagonistes de ce drame à se révéler, les uns après les autres. Alors que Rosine est incarcérée en état de prostration, elle enquête au sein de cette famille parfaite jusqu’à pousser chacun dans ses retranchements, se moquant souvent des procédures officielles.
Une histoire passionnante tant le sujet est sensible que je l’ai lu d’une traite, en retenant mon souffle, sans pouvoir la lâcher jusqu’au verdict final.
Tout est intéressant dans ce roman écrit dans un style percutant et sans concession, depuis la vie débridée de Clélia jusqu’au comportement incompréhensible de cette mère de famille, en passant par le déroulement d’un procès d’assises.
Sandrine Cohen signe ici un premier roman de haut vol qui restera, pour moi, un des meilleurs thrillers de l’année.
Rosine
Le fait est horrible. Rosine se considère elle-même comme un monstre. Elle a tué ses filles. Elle a commis l'irréparable.
Sandrine Cohen effectue un découpage en règle du corps et de la psychologie d'une mère infanticide. Décrypter l'indicible, l'horreur du geste inconsidéré.
Clélia, enquêtrice de personnalité veut comprendre non pas l'acte. Mais les raisons qui ont amené à cet acte. C'est tout le sujet, forcément noir, de ce roman. Clélia est sûre de trouver quelque chose, une faille, un bouleversement, la trace d'un trauma. Clélia vire à l'obsession.
Clélia est à l'obsession ce que le café est l'insomnie : une combattante infatigable.
Elle est idéaliste, dure et intransigeante.
Un thriller judiciaire sous haute tension, une plongée en apnée dans les arcanes de la justice et de l'âme de tous ses protagonistes.
Noir serré, bien serré.