Biographie de Chie Inudoh
Chie Inudo a toujours mis des femmes de caractère au centre de ses oeuvres. Ses deux précédents titres (inédits en France) mettent en scène l'un une mère de famille re-mariée, et l'autre une spécialiste de la démolition ! Pour sa nouvelle série, elle veut s'attaquer à l'Histoire avec un grand H, à travers un personnage au destin hors du commun. C'est comme ça qu'elle découvre Hatchepsout, la première femme à être devenue Pharaon.
C'est la révélation : cette reine sera son héroïne ! " Elle fut l'unique pharaon à avoir fait passer la diplomatie avant la guerre ", explique Chie Inudo, " et elle a laissé son empreinte à travers des stèles contant le mythe de sa naissance divine, ou encore par sa tombe royale de Deir el Bahari, d'une architecture extraordinaire ". Mais ce qui a fasciné l'auteur, c'est la double-face de sa célébrité : " A côté de ça, les cartouches contenant son nom ont été effacés par endroit, et on lui a prêté des aventures avec son architecte favori.
Même à l'époque, elle attirait l'attention pour toutes sortes de raisons, bonnes et mauvaises ". A grand renfort de documentation, Chie Inudo fait revivre l'Egypte ancienne dans toute sa splendeur. Elle n'a pas encore pu réaliser son rêve de voyage au pays des pyramides, mais en attendant, elle rassemble des ouvrages dans diverses langues et se nourrit des films et documentaires sur le sujet pour planter son décor de façon réaliste, tout en restant concentrée sur la mise en avant de l'histoire et de son héroïne.
" Les informations sur cette époque sont de toute façon limitées, alors même si je m'efforce de rester proche de la réalité, je prends garde de ne pas me mettre trop de barrières ", argumente l'auteur. " Je mêle réalité et fiction afin qu'amateur ou non de l'Egypte des pharaons, chacun puisse trouver son bonheur dans mon oeuvre. " Elle met à profit l'expérience acquise lors de ses études d'art à l'université et comme assistante de mangaka pour dépeindre cet univers fascinant d'un trait minutieux.
Dans la lignée de Kaoru Mori (Emma, Bride Stories), Chie Inudo est, à 30 ans, une des étoiles montantes du magazine Harta, connu pour la qualité de ses publications. Quand elle a le temps de prendre une pause entre ses études du monde des pharaons et le rendu de ses planches, elle se détend en regardant des films, et en apprenant à pêcher.
Vers la régence
La saga s’étoffe, les protagonistes prennent de plus en plus d’ampleur et dans les rouages du pouvoir tous les coups sont permis pour parvenir à ses fins. Ce n’est souvent pas glorieux, ni gage de grandeur d’âme, mais les plus bas instincts s’en satisfont. L’Histoire est remplie de faits de ce genre. C’est cyclique et d’ailleurs avec ce troisième volume, nous arrivons à la fin d’une période, un tournant politique qui pourrait être majeur, mais je n’en dirais pas beaucoup plus pour ne pas tout révéler à celles et ceux qui ne seraient pas vraiment versés en Histoire Antique.
Ce manga n’est pas véritablement un cours d’Histoire, mais avec son supplément toujours drôle et bien pensé, il y a moyen de se cultiver tout en se divertissant. Et puis, même en simplifiant énormément les choses, l’intrigue donne aux lecteurs des bases disons réalistes pour la plupart et qui peuvent permettre d’appréhender l’essentiel.
La culture est comme la construction de grands édifices, elle se fait par strates et par étapes. Même les plus simples ne sont pourtant pas à renier et la fiction n’est pas dénuée d’intérêts.
Graphiquement, ce tome est toujours aussi agréable.
Historiquement, c’est un virage.
Pour l’instant, c’est le meilleur tome de la saga que j’ai lu.