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Ces dernières années, le monde du travail a vu l'épidémie de démoralisation au travail prendre une forme expansionniste des plus inquiétante. Selon les conceptions classiques, l'accompagnement des personnes vivant la démoralisation au travail se construit sur l'axe sémiotique de l'intériorité de l'individu. Les expressions de burn-out, d'épuisement professionnel et de dépression au travail, construisent des histoires de personnes endommagées, vulnérabilisées, consumées de l'intérieur.
Or, notre projet est de privilégier un autre axe sémiotique, celui de l'externalité et de mettre l'accent sur les dimensions relationnelles qui ont construit un vécu de perte de valeur, voire une masse d'immoralité ressentie dans le cadre de la vie professionnelle. La prise en charge psychothérapeutique, quelle que soit la forme qu'elle revêt, est en fait un acte politique, qui valorise certaines constructions du monde, plutôt que d'autres.
Certaines thérapies prônent l'adhésion, voire la soumission au système, d'autres encouragent le rejet et la résistance aux récits dominants. Michael White disait : "Si nous voulons promouvoir le sentiment d'initiative personnelle dans la vie des gens, et les encourager à vivre de nombreux possibles, y compris des possibles qui se situent en dehors des discours normatifs, alors nous devons prendre position à l'égard des relations de pouvoir véhiculées dans les discours normatifs." Vue sous cet angle, la personne n'est plus à considérer comme un être faible ou vulnérable, mais plutôt comme quelqu'un qui dénonce des injustices ou des abus.
Se sentant bafoué dans sa morale et dans ses valeurs, il ne sait plus quel sens donner à sa vie professionnelle. Dans cette perspective, la psychothérapie des personnes démoralisées au travail prend une dimension et une orientation totalement différentes. Ce livre est un outil clinique pour l'exploration de cette voie nouvelle.
