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Les paysans, les masses rurales du monde entier sont vus comme des éléments passifs, non intéressés par le champ politique. Ils subiraient avec fatalisme leur lot de misères et ne contesteraient l'ordre établi que si les élites parviennent à les mobiliser, et ce généralement avec grande difficulté. Ce livre prouve le contraire. Si les élites sont nécessaires pour mettre en place des organisations de contestation structurée, ce sont les populations rurales elles-mêmes, plus "agressives" et aspirant à un changement fondamental de leur condition et de la société en général qui visualisent et mettent en oeuvre les solutions les plus radicales, les plus révolutionnaires.
"Les élites voulaient africaniser le système, les masses voulaient le détruire". Telle est la conclusion à laquelle l'auteur aboutit après une analyse empirique du combat pour l'indépendance dans une région du Congo belge (aujourd'hui "Zaïre") mené par un parti nationaliste, le Parti Solidaire Africain (PSA). Cette définition de l'élan révolutionnaire rural a été esquissée dès 1961 et élaborée dans ce livre.
Le mouvement révolutionnaire - désigné comme "rébellions congolaises" - qui éclata en 1963-1964 et embrasa presque les 3/4 du pays, est la confirmation de cette thèse. Selon le politologue I.Wallerstein, préfacier de l'ouvrage, les conditions du soulèvement rural massif ne sont pas spécifiques au Congo belge mais peuvent être rapportées à l'analyse de toutes les révolutions des XIXe et XXe siècles.
En sus de l'étude socio-politique, c'est l'évolution du nationalisme qui est retracée ici, mettant en scène les rapports entre les leaders congolais et les autorités coloniales belges, la compétition/concurrence entre les divers partis, la place de l'ethnicité dans la mobilisation populaire, ainsi que toutes les autres pressions qui s'exercèrent sur les acteurs de cette époque.