Léa Arthémise nous propose un second roman très maitrisé avec "Question de géométrie". Un format court, un peu plus de 120 pages, 3 personnages à la fois attachants et liés par une profonde amitié, un récit ramassé qui oscille entre le passé et un présent habité par le souvenir. Bonnie vit dans un lotissement à une vingtaine kilomètres de Paris, elle est marié et élève ses deux enfants. Une vie ordinaire comme il y en a des millions en France. Et puis il y a le le passé, 7 années plus tôt quand Bonnie faisait les 400 coups avec ses copains Alain et Adel dans un coin de cette
banlieue parisienne qui n'arrête pas de manger les champs de blé et de maïs, successions d'immeubles, de zones pavillonnaires, de centres commerciaux et de coulées vertes. Un monde de béton créé de toute pièce pour désengorgé la capitale. Un jour Adel et Alain braque un bar-tabac qui ne tourne pas à leur avantage. Ils partent en cavale avec Bonnie parce qu'elle est la seule des trois à posséder une voiture. Léa Arthémise travaille par chapitres ultra courts d'une grande densité narrative qui permettent à l'action d'avancer rapidement. La cavale est finalement beaucoup plus réussie que le braquage, elle referme les années d'adolescence et laisse des souvenirs inoubliables. La banlieue va ensuite redistribuer les destins, chacun aura son jeu et certains sont sans atout.
Ce roman recèle une grande puissance intérieure, un souffle lié à l'origine même de l'action : la banlieue. Les oeuvres romanesques qui mettent en scène la banlieue sont rares. Paris est généralement le centre du roman français. Léa Arthémise frôlant les murs de béton, les alignements de pavillons, les centres commerciaux tous identiques les uns aux autres . Elle traite les thèmes récurrents de la banlieue : l'échec scolaire, la délinquance, les familles monoparentales. Les motifs périurbains sont nombreux et permettent au lecteur d'entrer dans les stéréotypes de ces espaces gris et impersonnels qui reproduisent des trajectoires existentielles banalement identiques. On pense à Simenon perdu dans un film de Rohmer qui aurait été tourné dans la banlieue d'aujourd'hui, celle qui a perdu ses utopies...
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
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Léa Arthémise nous propose un second roman très maitrisé avec "Question de géométrie". Un format court, un peu plus de 120 pages, 3 personnages à la fois attachants et liés par une profonde amitié, un récit ramassé qui oscille entre le passé et un présent habité par le souvenir. Bonnie vit dans un lotissement à une vingtaine kilomètres de Paris, elle est marié et élève ses deux enfants. Une vie ordinaire comme il y en a des millions en France. Et puis il y a le le passé, 7 années plus tôt quand Bonnie faisait les 400 coups avec ses copains Alain et Adel dans un coin de cette banlieue parisienne qui n'arrête pas de manger les champs de blé et de maïs, successions d'immeubles, de zones pavillonnaires, de centres commerciaux et de coulées vertes. Un monde de béton créé de toute pièce pour désengorgé la capitale. Un jour Adel et Alain braque un bar-tabac qui ne tourne pas à leur avantage. Ils partent en cavale avec Bonnie parce qu'elle est la seule des trois à posséder une voiture. Léa Arthémise travaille par chapitres ultra courts d'une grande densité narrative qui permettent à l'action d'avancer rapidement. La cavale est finalement beaucoup plus réussie que le braquage, elle referme les années d'adolescence et laisse des souvenirs inoubliables. La banlieue va ensuite redistribuer les destins, chacun aura son jeu et certains sont sans atout.
Ce roman recèle une grande puissance intérieure, un souffle lié à l'origine même de l'action : la banlieue. Les oeuvres romanesques qui mettent en scène la banlieue sont rares. Paris est généralement le centre du roman français. Léa Arthémise frôlant les murs de béton, les alignements de pavillons, les centres commerciaux tous identiques les uns aux autres . Elle traite les thèmes récurrents de la banlieue : l'échec scolaire, la délinquance, les familles monoparentales. Les motifs périurbains sont nombreux et permettent au lecteur d'entrer dans les stéréotypes de ces espaces gris et impersonnels qui reproduisent des trajectoires existentielles banalement identiques. On pense à Simenon perdu dans un film de Rohmer qui aurait été tourné dans la banlieue d'aujourd'hui, celle qui a perdu ses utopies...
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)