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" Ma petite soeur Cyrille fait le plus beau métier du monde, dit Macha. Elle est sage-femme. " Comment vivre, pense Cyrille, quand votre soeur est une cantatrice - belle, intelligente, célèbre - qui vous aime au point de faire votre éloge en public ? Cyrille souffre. Elle se trouve plutôt moche, assez peu désirable, pas vraiment intéressante. Sa collègue Viviane est horrifiée : Cyrille ne sort jamais avec des garçons, et elle ne semble pas pressée de se marier.
Pendant ce temps, à la clinique des Rosiers, des femmes crient, pleurent, appellent au secours, accouchent. Des enfants naissent, la vie suit son cours. Autrement dit, chacun s'achemine vers sa mort. Car c'est cela, le scandale. Quand Cyrille aura réglé ses comptes - avec ses parents, avec les hommes, les femmes et les enfants -, il lui faudra assumer l'inacceptable vieillissement, l'odieux âge adulte, l'impossible mort.
Ce sera sa seconde naissance.
"admirer les changements de paysage"
Depuis la découverte de ce roman, je reste à l'affût de toute publication de cet auteur, y compris les romans écrit pour la jeunesse, trop rapidement lus, je reste toujours à sec, en manque. Peut-être est-ce son humour délicat mâtiné d'un léger désespoir ? Cette interrogation de son personnage, Cyrille, sur la capacité à vivre qu'ont les autres, et de le faire avec facilité. Elle est en quête de cette insouciance, elle qui, la plupart du temps, se contente d'exister, en se sentant comme une étrangère, comme "à-côté" de ce bouillonnement qui l'entoure, sans qu'elle parvienne à s'y mêler. Elle n'a pas une bonne image d'elle-même, et pourtant elle est sage-femme ; mais cette proximité avec ce grouillement permanent de vie est avant tout, pour elle, un rappel constant que tout cela suit son chemin vers la mort. Un premier roman, court, mais d'une force incroyable, et qui a fait qu'Agnès Desarthe s'est durablement nichée dans mon paysage littéraire.