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Un psychanalyste choisit d'exposer précisément quatre cas relevant de la clinique appliquée aux psychoses, plus un, célèbre, celui d'Antonin Artaud. Pourquoi un tel livre aujourd'hui ? Assurément pour casser quelques stéréotypes sur ce que fait, ou ne fait pas, un psychanalyste avec des analysants psychotiques. Trop de balivernes se colportent encore et parfois au nom de Lacan. La conception déficitaire de la psychose comparée à la névrose a la vie dure.
Mais ce livre ne se limite pas à cet enjeu. Il se propose de montrer en quoi s'orienter du dernier enseignement de Lacan a des effets radicaux pour la clinique psychanalytique en général, et avec des analysants psychotiques en particulier. " L'inconscient est le témoignage d'un savoir en tant que pour une grande part il échappe à l'être parlant. (Chacun) présente toutes sortes d'affects qui restent énigmatiques.
Lalangue nous affecte d'abord par tout ce qu'elle comporte comme effets qui sont affects. " (Lacan) La seule définition freudienne de l'inconscient comme discours de l'Autre scène n'est plus utilisable. Lacan propose d'y substituer la clinique du parlêtre : le signifiant percute le corps, faisant sourdre la jouissance. La psychanalyse change, et la conduite des cures avec elle : " Quand on analyse l'inconscient, le sens de l'interprétation, c'est la vérité.
Quand on analyse le parlêtre, le corps parlant, le sens de l'interprétation, c'est la jouissance. Ce déplacement de la vérité à la jouissance donne la mesure de ce que devient la pratique analytique à l'ère du parlêtre. " (Jacques-Alain Miller).
Un livre formidable à lire !
La poésie d’Antonin Artaud fascine par ses fulgurances donnant aux mots et au phrasé de la langue française un éclat qui laisse coi. Assurément, lire Artaud, avec sérieux c’est-à-dire attentivement, c’est rencontrer un réel que l’écriture ne recouvre pas, qu’elle laisse percer et se déployer de poème en poème.
La diffusion de son œuvre a privilégié les écrits, souvent griffonnés dans des cahiers d’écolier, qu’il fallait décrypter et mettre au point. Il a fallu attendre près de quarante ans après sa mort avant que les dessins du poète ne soient pris en considération et sortis du statut d’illustrations des écrits, écrasées et rendues quasiment invisibles, par la puissance de ceux-ci. Avec la parution en 1986 du catalogue, "Artaud. Dessins et portraits", co-écrit par Jacques Derrida et Paule Thévenin, amie d’Artaud qui a assuré la publication des Œuvres complètes, les dessins, œuvres à part entière, ont acquis une reconnaissance artistique rapide.
C'est le mérité de ce livre d'Hervé Castanet de commenter longuement et de façon nouvelle le travail graphique du grand poète Artaud en le rapportant aux embrouilles du corps.