En cours de chargement...
On a tendance aujourd'hui à être sensible aux aspects les plus sulfureux de la vision proustienne de la guerre : sa critique virulente du «bourrage de crâne» et notamment de la presse ; sa satire mordante des «embusqués» et, en général, de l'arrière ; la surprenante bienveillance avec laquelle sont rapportées les tirades germanophiles d'un Charlus ; l'association entre guerre et homosexualité ; sa sensibilité au caractère funeste, malgré la victoire française, de la destruction du «monde d'hier» tout entier, mais aussi son insistance sur la continuité des vices etdes ridicules, et sur le recyclage opportuniste des pires passions politiques.
A la recherche du temps perdu, roman dans la guerre, extraordinaire exemple d'intégration au sein d'une oeuvre déjà largement commencée d'un événement historique considérable survenu inopinément durant la rédaction du livre, reflète, avec son génie et ses visées artistiques propres, les contradictions de l'esprit d'un temps et d'un pays partagés entre exaltation héroïque et dégoût d'un conflit meurtrier.