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L'illusion se situe au coeur de la poésie baroque. Elle se
manifeste de façon antithétique dans le goût de la fête mais
aussi dans sa dénonciation, dans le développement d'un
lyrisme frivole, soucieux de frapper les esprits par son
inventivité formelle, mais aussi dans l'obsession de la mort,
l'omniprésence de la vanitas, l'évocation de l'inanité des
honneurs, de la gloire et des plaisirs.
Ainsi, le motif du
"théâtre du monde", devenu une constante, est étendu aux
domaines du divertissement, de la société, de l'amour et même
de la nature, envisagée comme un immense charnier se
camouflant derrière les couleurs brillantes de la vie. Günther
également a été confronté au theatrum mundi, parce qu'il en a
été victime. Incapable de s'adapter aux conventions sociales,
précurseur du romantisme, il a placé son "moi" lyrique au
centre de son art et s'est heurté, pour cette raison, à
l'incompréhension de la plupart de ses contemporains.
Mais,
s'il refuse les faux-semblants des mondanités et les artifices
d'un style alambiqué, il n'en sacrifie pas moins à une autre
forme d'illusion, celle qui consiste à façonner son image pour
la postérité, à céder à la tentation de l'auto-justification et de
l'auto-apitoiement.