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Aux XXe et XXIe siècles, la notion de personnage a fait
l'objet de profondes remises en question, autant dans la
pratique théâtrale que dans la critique. L'approche
psychologique du personnage, défini comme la représentation
cohérente d'un individu, être de fiction doté d'un caractère, de
sentiments et de pensées, est remise en cause dans cette étude
consacrée aux deux auteurs de la comédie romaine dont nous
avons conservé des pièces, Plaute (IIIe-IIe siècles av J.-C.) et
Térence (IIe siècle av.
J.-C.). Dans ce théâtre, en effet, le
personnage relève d'une figure conventionnelle, la persona
(rôle, ou emploi codifié), qui est l'objet d'un jeu permanent de
variations, sans cesse exhibées par le texte comique lui-même.
Car l'un des traits essentiels de cc théâtre sans illusion est le
phénomène métathéâtral : adresses directes au public, apartés,
commentaires internes au dialogue sur le jeu des personnages,
mises en relief des écarts et variations qu'impose le scénario
hérité du modèle grec, autant d'éléments qui instaurent une
connivence entre la scène et la salle, et qui rappellent
constamment qu'on est bien au théâtre.
Le spectacle est ainsi
un pur jeu sur les conventions comiques, mis en scène dans un
monde grec artificiel, sans référent réel dans la vie des
Romains. Ce caractère ludique de la comédie romaine est à
mettre en relation avec les circonstances de sa représentation à
Rome, les ludi scaenici, moment à part dans la vie de la cité,
qui fait intervenir des histrions frappés d'infamie dont la
parole est dépourvue d'efficacité.
Allant au rebours de la
conception habituelle qui fait de la comédie romaine une
imitation de la réalité offrant au spectateur une « tranche de
vie », cette étude s'attache à reconstituer le processus de
création dramaturgique à l'oeuvre dans les comédies de Plaute
et de Térence, tout en le resituant dans son contexte culturel.