Phénomenologie de la chambre à gaz

Par : Didier Durmarque
    • Nombre de pages161
    • PrésentationBroché
    • FormatGrand Format
    • Poids0.18 kg
    • Dimensions12,5 cm × 19,0 cm × 1,5 cm
    • ISBN978-2-8251-4745-0
    • EAN9782825147450
    • Date de parution08/10/2018
    • ÉditeurL'Age d'Homme

    Résumé

    La chambre à gaz n'est pas seulement le lieu de la destruction des êtres "indignes de vivre" : Juifs, Tziganes, Slaves, handicapés. Elle n'est pas simplement l'industrialisation du massacre. Faute de cela, nous en restons au simple point de vue des nazis, point de vue qui ne dit pas tout de la chambre à gaz, parce qu'il escamote sa dimension ontologique. Si l'on pense la chambre à gaz, du point de vue des victimes, elle devient l'expérience d'un fond irréductible, que l'on ne peut faire sans trépasser, le lieu d'une opacité fondamentale, radicale, trace ontologique dans la structure ontique de l'objet, pliure de l'Etre dans l'étant de la chambre à gaz.
    Elle apparaît comme une expérience négative qui renverse et dissout l'Etre comme métaphysique et comme Sinaï. Plus fondamentalement, la chambre à gaz est sortie de l'Etre, solution finale de l'Etre comme question, comme texte, inauguration d'une nouvelle civilisation dont on n'a pas pris la démesure. Comme un fil est conducteur, la chambre à gaz conduit à repenser la métaphysique occidentale et la parole juive à partir de l'idée selon laquelle la solution finale, en tant que solution technique, c'est-à-dire solution définitive d'un problème, serait la réponse définitive et décisive à la question de l'Etre.
    La chambre à gaz, si elle veut être saisie en tant que telle, engendre également une reprise de la pensée philosophique de la technique, particulièrement l'idée selon laquelle l'essence de la technique dévoile l'opposition entre la présence, l'utilisation de l'objet technique et sa finalité.
    La chambre à gaz n'est pas seulement le lieu de la destruction des êtres "indignes de vivre" : Juifs, Tziganes, Slaves, handicapés. Elle n'est pas simplement l'industrialisation du massacre. Faute de cela, nous en restons au simple point de vue des nazis, point de vue qui ne dit pas tout de la chambre à gaz, parce qu'il escamote sa dimension ontologique. Si l'on pense la chambre à gaz, du point de vue des victimes, elle devient l'expérience d'un fond irréductible, que l'on ne peut faire sans trépasser, le lieu d'une opacité fondamentale, radicale, trace ontologique dans la structure ontique de l'objet, pliure de l'Etre dans l'étant de la chambre à gaz.
    Elle apparaît comme une expérience négative qui renverse et dissout l'Etre comme métaphysique et comme Sinaï. Plus fondamentalement, la chambre à gaz est sortie de l'Etre, solution finale de l'Etre comme question, comme texte, inauguration d'une nouvelle civilisation dont on n'a pas pris la démesure. Comme un fil est conducteur, la chambre à gaz conduit à repenser la métaphysique occidentale et la parole juive à partir de l'idée selon laquelle la solution finale, en tant que solution technique, c'est-à-dire solution définitive d'un problème, serait la réponse définitive et décisive à la question de l'Etre.
    La chambre à gaz, si elle veut être saisie en tant que telle, engendre également une reprise de la pensée philosophique de la technique, particulièrement l'idée selon laquelle l'essence de la technique dévoile l'opposition entre la présence, l'utilisation de l'objet technique et sa finalité.

    Avis des lecteurs
    Commentaires laissés par nos lecteurs

    5/5
    sur 1 note dont 1 avis lecteur
    La chambre à gaz comme objet de philosophie avec une approche didactique et surtout humaine
    Je ne saurai que trop vous engager à vous lancer dans cette lecture nullement fastidieuse, encore moins rebutante... et ce, même si vous n'êtes pas un philosophe aguerri et également ce, en dépit du thème on ne peut plus délicat décortiqué avec brio et subtilité par un philosophe qui réfléchit, depuis de nombreuses années, à cette question du point de vue de l'appréhension de l'objet et du phénomène d'extermination des juifs. Didier Durmarque, dans son remarquable "Phénoménologie de la chambre à gaz" nous fait avoir toute la distance qui s'impose pour comprendre qu'il est nécessaire d'aller au-delà de l'industrialisation du massacre : pensée du point de vue des victimes, la chambre à gaz devient l'expérience d'un fond irréductible. Je cite l'auteur, ses propos sont brûlants, mais porteurs d'une belle vérité : "Tandis qu'un objet technique est un objet dont l'existence cache son essence, tout en étant un objet dont l'essence permette son expérience, la chambre à gaz est un objet dont l'essence cache son expérience. (...) La chambre à gaz est la solution technique à la question de l'Être, solution qui est une solution ontologique, immonde, incarnation négative, sublime de l'ignoble, Être en souffrance." (opus cité, p.149, p.150). C'est cette approche ontologique qui m'a passionné : elle amène à se pencher sur le sens réel de ce qui nous entoure, sur le sens de la vie plutôt que sur un objet déterminé. Claude Lanzmann ("Shoah") avait déjà pensé l'irreprésentable à la lumière de l'Être : "On ne peut pas raconter ça ; personne ne peut se représenter ce qui s'est passé ici." C'est très fort, écrit magistralement, décapant, très didactique, profondément humain et humaniste ; quant à l'auteur, que je connais personnellement, c'est un être humain brillant et pourtant pétri d'humilité.
    Je ne saurai que trop vous engager à vous lancer dans cette lecture nullement fastidieuse, encore moins rebutante... et ce, même si vous n'êtes pas un philosophe aguerri et également ce, en dépit du thème on ne peut plus délicat décortiqué avec brio et subtilité par un philosophe qui réfléchit, depuis de nombreuses années, à cette question du point de vue de l'appréhension de l'objet et du phénomène d'extermination des juifs. Didier Durmarque, dans son remarquable "Phénoménologie de la chambre à gaz" nous fait avoir toute la distance qui s'impose pour comprendre qu'il est nécessaire d'aller au-delà de l'industrialisation du massacre : pensée du point de vue des victimes, la chambre à gaz devient l'expérience d'un fond irréductible. Je cite l'auteur, ses propos sont brûlants, mais porteurs d'une belle vérité : "Tandis qu'un objet technique est un objet dont l'existence cache son essence, tout en étant un objet dont l'essence permette son expérience, la chambre à gaz est un objet dont l'essence cache son expérience. (...) La chambre à gaz est la solution technique à la question de l'Être, solution qui est une solution ontologique, immonde, incarnation négative, sublime de l'ignoble, Être en souffrance." (opus cité, p.149, p.150). C'est cette approche ontologique qui m'a passionné : elle amène à se pencher sur le sens réel de ce qui nous entoure, sur le sens de la vie plutôt que sur un objet déterminé. Claude Lanzmann ("Shoah") avait déjà pensé l'irreprésentable à la lumière de l'Être : "On ne peut pas raconter ça ; personne ne peut se représenter ce qui s'est passé ici." C'est très fort, écrit magistralement, décapant, très didactique, profondément humain et humaniste ; quant à l'auteur, que je connais personnellement, c'est un être humain brillant et pourtant pétri d'humilité.