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Rédigées dans les années 1936-1938, soit trois ans après l'échec de l'engagement politique du rectorat et neuf ans après la publication du Traité Etre et Temps, non publiées du vivant de leur auteur, les Contributions à la philosophie se présentent comme une suite de fugues, que précède un foudroyant avant-propos et suit une longue "récapitulation" éclairant ce que Heidegger désigne comme "l'intitulé public" (le titre "approprié" étant plutôt le sous-titre : De l'événement).
Parce que "être rendu compréhensible ramène tout de force dans l'horizon de la représentation traditionnelle... se rendre compréhensible est le suicide de la philosophie" (259). Une philosophie toujours met en question ce qui est reconnu, suivant la "tradition", comme "allant de soi", et ainsi, donne à penser. En un sens du penser que précisent les Contributions : penser, ce n'est pas une activité combinatoire, en bref un calcul, ce n'est pas davantage un "processus psychologique" en lui-même inintelligible.
Penser signifie répondre à l'événement qu'est l'Etre - ou la vérité de l'Etre. Autrement dit : questionner sérieusement, là où nous en sommes. Mais c'est toute l'oeuvre de Heidegger qui tente de dire (de questionner) ce "là où nous en sommes" (le mot de Heidegger est : Dasein). En ce sens, les Contributions sont au coeur de l'oeuvre de Heidegger. Ce questionnement s'appelle ici la passion de la pensée : cette épreuve, l'unique épreuve, où se joue la relation des hommes et de leurs dieux, portée dans la dernière fugue à son épure par l'expression difficile du "Dieu ultime".