En cours de chargement...
Notre travail, qui a pour objectif d'envisager l'art pariétal paléolithique d'un point de vue esthétique - et non pas seulement du point de vue de la recherche historique, archéologique ou scientifique - est une tentative pour lever un pan du voile de mystère qui entoure l'essence originelle de l'art à travers l'étude de cet art des origines. Les dizaines de milliers d'années qui nous séparent des artistes du Paléolithique, bien plutôt qu'un abîme, se proposent en effet à nous comme l'occasion d'un nouvel éclairage sur notre propre activité esthétique et, par voie de conséquence, sur notre propre humanité.
Ce qu'annoncent ces images laissées par les Paléolithiques n'est pas seulement que ceux qui les ont peintes ont achevé de devenir des hommes en les peignant, mais qu'ils l'ont fait, nous dit Georges Bataille, "en donnant de l'animalité, non d'eux-mêmes, cette image suggérant ce que l'humanité a de fascinant". Car lorsque l'on considère que la majorité des représentations de l'art pariétal paléolithique concerne moins la figure humaine que celle de l'animal, nous comprenons alors l'image que ces hommes avaient de leur humanité et la fascination qu'exerçait sur eux la nature animale.
C'est dans ce retournement de l'homme sur lui-même, sur sa propre humanité animale, que se situe l'origine de l'art. Toute notre représentation tourne autour de ce paradoxe qui constitue le tréfonds de l'homme : ce point de rencontre symptomatique de la beauté duplice de l'humanité animale qui tourmente et fascine l'homme. Tel est le forage exhaustif que l'art, dans la projection ek-statique que permet l'image, a pour tâche d'accomplir : nous faire approcher ce point de rencontre d'humanité animale.