Les Œuvres complètes de Lautréamont (Les Chants de Maldoror, Poésies et Lettres), après l'édition historique de 1938, comprend les préfaces de leurs éditions successives et une abondante bibliographie. C'est une remarquable édition de Lautréamont que vient de nous donner José Corti. Les œuvres complètes de Lautréamont y sont précédées de huit préfaces, écrites à diverses époques par divers écrivains, pour des éditions précédentes [...]. Cela fait au total un commentaire long et varié -sinon contradictoire -à travers lequel on pourrait suivre le fil de la connaissance progressive de Lautréamont depuis sa première publication jusqu'à nos jours. On voit d'abord comment cette œuvre est lente à se manifester. On a comparé son apparition à une explosion volcanique, mais les volcans littéraires ne font pas éclater sans résistance la croûte des habitudes intellectuelles. (Vient ensuite un commentaire précis du journaliste sur chacune des préfaces, NdE). Y a-t-il beaucoup de lecteurs qui aient abordé Lautréamont sans dresser entre eux et lui une barrière qui ne vient que d'eux-mêmes ? Si nous comprenions les poètes mieux que nous croyons le savoir, et celui-là en particulier, nos yeux s'ouvriraient à cette vérité que le problème est en nous. Le monstre le plus étrange n'est pas celui qu'on pense : sinon l'homme moderne se ferait peur à lui-même. J'imagine qu'un jour viendra où Les Chants de Maldoror apparaîtront comme un de ces phénomènes qui sur la terre fulgurent et retentissent pour signaler quelque bouleversement naturel. André Rousseaux, Le Figaro Littéraire, 23 janvier 1954.
Les Œuvres complètes de Lautréamont (Les Chants de Maldoror, Poésies et Lettres), après l'édition historique de 1938, comprend les préfaces de leurs éditions successives et une abondante bibliographie. C'est une remarquable édition de Lautréamont que vient de nous donner José Corti. Les œuvres complètes de Lautréamont y sont précédées de huit préfaces, écrites à diverses époques par divers écrivains, pour des éditions précédentes [...]. Cela fait au total un commentaire long et varié -sinon contradictoire -à travers lequel on pourrait suivre le fil de la connaissance progressive de Lautréamont depuis sa première publication jusqu'à nos jours. On voit d'abord comment cette œuvre est lente à se manifester. On a comparé son apparition à une explosion volcanique, mais les volcans littéraires ne font pas éclater sans résistance la croûte des habitudes intellectuelles. (Vient ensuite un commentaire précis du journaliste sur chacune des préfaces, NdE). Y a-t-il beaucoup de lecteurs qui aient abordé Lautréamont sans dresser entre eux et lui une barrière qui ne vient que d'eux-mêmes ? Si nous comprenions les poètes mieux que nous croyons le savoir, et celui-là en particulier, nos yeux s'ouvriraient à cette vérité que le problème est en nous. Le monstre le plus étrange n'est pas celui qu'on pense : sinon l'homme moderne se ferait peur à lui-même. J'imagine qu'un jour viendra où Les Chants de Maldoror apparaîtront comme un de ces phénomènes qui sur la terre fulgurent et retentissent pour signaler quelque bouleversement naturel. André Rousseaux, Le Figaro Littéraire, 23 janvier 1954.