Ndop. Etoffes des cours royales et sociétés secrètes du Cameroun

Tout a commencé par une caresse. Celle de ma main d'enfant sur la peau scarifiée de ma grand-mère mama Olo'O. Sa peau était douce et ses aspérités comme perlées au toucher. J'appris plus tard que ces motifs Ndop y avaient été inscrits lorsqu'elle était devenue femme, qu'ils évoquaient les qualités principales de son caractère. Aussi m'étais-je initiée au Ndop comme une jeune aveugle à l'alphabet braille, par effleurement.
Cette peau que j'observais, que je touchais et sentais avec délectation, a depuis laissé en moi une empreinte impérissable. Que de questionnements autour de ces formes et dessins mythiques et mystérieux qui composaient ces tissus Ndop. Lorsque plus tard j'ai décidé de me lancer dans la mode, cette mémoire tactile s'est imposée à moi, et j'ai adopté le Ndop dans mes créations, comme une évidence. Au fil du temps, j'ai réalisé qu'aucun livre n'avait traité du Ndop.
Aujourd'hui, je suis très heureuse d'avoir réuni un collectif d'auteurs, capable d'en dévoiler les secrets, d'en déchiffrer les mystères et d'en évoquer la dimension spirituelle. Chacun apporte son regard, son savoir et sa sensibilité pour faire comprendre ce tissu royal et ainsi raviver le feu sacré, à l'image de celui que jamais ma grand-mère n'a laissé s'éteindre. Ly Dumas.