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Le présent ouvrage est un bref essai d'anthropologie sociale et
culturelle fortement marqué du sceau de l'histoire de ceux qui
s'identifient eux-mêmes "les enfants d'une même mère"
(Volöö Kumbaa). Comme dans beaucoup de travaux
d'anthropologie historique sur l'Afrique, ici se pose la question
des limites entre l'histoire et l'ethnologie. Si l'absence de
sources historiques absolument fiables oblige à la prudence,
les passages les plus crédibles et les plus originaux semblent
être ceux que Dr Iffono consacre à l'art kisi, à la guerre et,
surtout, aux "facteurs de restructuration du Kisi" et à la geste
de Mori Sulemani Savanè, ce jula conquérant.
Ainsi, tout en
restituant le vécu au quotidien des Kisia précoloniaux,
IFFONO réussit à reculer les frontières entre histoire d'une
part, anthropologie et ethnologie de l'autre. L'ambition secrète
de l'auteur est d'enrichir la connaissance historique d'un peuple
sur lequel, au plan scientifique, n'existe guère que la thèse
d'ethnologie classique et déjà ancienne de Denise paulme (Les
Gens du riz : les Kissi de la Haute-Guinée Française, 1954).
Si, comme il se doit, IFFONO a pris soin d'interroger un
nombre appréciable d'informateurs, son étude s'appuie
principalement sur un impressionnant travail d'enquête de
terrain et d'archives pour présenter une société kisi déjà en
proie à une profonde mutation plus d'une décennie avant la
conquête coloniale. En effet, avec Mori Sulemani Savanè, un
précurseur de Samory, le pouvoir kisi n'était plus fondé sur le
sol et le sang, mais plutôt sur des repères politiques et
religieux et sous tendu par la guerre et le commerce.