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La réalisation du bonheur sur terre, telle est la promesse formulée par Charles Fourier dans la première moitié du XIXe siècle ; cet espoir séduit dans les années 1830 et 1840 plusieurs milliers de militants, confiants dans la possibilité de transformer la société de façon à la fois pacifique et radicale. Ils comptent en 1848 sur l'avènement de la Seconde République pour établir un socialisme coopératif ; puis, après le coup d'Etat du 2 décembre 1851, ils reportent leurs espérances sur la création d'une communauté au Texas, cependant dissoute en 1857 après environ deux années d'existence.
Cet échec, qui succède à plusieurs autres, confirme aux yeux de maints observateurs le caractère utopique du projet phalanstérien. Pourtant, malgré ces déconvenues, des disciples persistent dans leur adhésion aux idées de Fourier et dans leur engagement pour changer les conditions de vie de leurs contemporains. C'est l'histoire collective de ces militants dans la seconde moitié du XIXe siècle, qui est présentée dans cet ouvrage : l'histoire d'un mouvement ; l'histoire aussi de plusieurs expériences associatives et éducatives, qui tentent de mettre en pratique les principes fouriéristes, notamment à travers des innovations pédagogiques.
Les disciples de Fourier ont participé à de nombreux mouvements sociaux (l'économie sociale, l'éducation populaire, le féminisme, le pacifisme) ainsi qu'à des luttes politiques. Comment parviennent-ils à traduire leur ambition d'une société alternative dans ces engagements aux apparences plus humbles ou plus conventionnelles ? Enfin, cette étude s'intéresse aux répercussions de leur adhésion au fouriérisme sur leur vie personnelle et professionnelle ; elle s'interroge sur les raisons qui amènent les uns à persévérer dans leurs convictions de jeunesse et les autres à s'en éloigner ou à leur donner de nouvelles formulations, comme Godin, le fondateur du Familistère de Guise.