En cours de chargement...
Auprès de Michel de M'Uzan, on devenait psychanalyste dans un mouvement d'identification. Appréciant l'art de la litote et talentueux dans son ingéniosité, il adoptait une attitude bienveillante. De toute sa personne émanait un mélange de courage intellectuel et d'autorité, où se devinait la densité d'une articulation profonde entre la rigueur de la pensée théorisante et l'inspiration de l'artiste procédant de la rencontre avec le patient.
Cette densité interpellait le tréfonds, décidait l'interlocuteur à se mettre au travail, rassurait quant a la valeur humaine de l'élaboration analytique. Les écrits issus du colloque organisé par la Société psychanalytique de Paris, le 23 novembre 2019 en témoignent, tout en retraçant un parcours conceptuel foisonnant. Née de la rencontre avec des patients qui développaient des maladies somatiques graves et d'un certain renoncement à l'écriture littéraire, sa pensée forge des notions a partir de la réalité clinique, cherchant le changement, l'ouverture, l'éclosion de mutations psychiques.
Confrontant la réalité pulsionnelle avec un ordre identitaire, c'est-a-dire un programme de vie comprenant la mort a terme, il dialogue avec J.B. Pontalis et J. La planche. Mais surtout il s'attache à montrer la fonction cardinale du "perceptif" en ce qu'il permet une "négociation" salvatrice entre les filières pulsionnelle et identitaire. Son processus créateur s'est souvent nourri de la métaphore poétique : chimère, transfert paradoxal, travail du trépas, jumeau paraphrénique, et surtout vacillement des limites identitaires qui en forme la basse continue.