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Si la narratologie constitue un programme de recherche clairement défini, elle ne cesse, depuis quelques années, de se complexifier, de se diversifier. Aujourd'hui, elle privilégie une démarche transdisciplinaire ainsi qu'une réflexion qui confronte le récit à d'autres phénomènes artistiques et, plus largement, représentationnels. Au croisement de la rhétorique et de la théorie du récit, la métalepse narrative semble brouiller les distinctions établies, notamment celle du monde du narré et du monde de la narration.
Pratique plus ancienne que son nom, la métalepse est aussi plus diversifiée qu'on ne le croyait naguère, car l'entorse au pacte de représentation n'est pas seulement l'affaire du récit... Les contributions rassemblées ici témoignent de cet élargissement d'un concept, dessinant la configuration d'un phénomène à faces multiples, paradoxal dans son essence, et que l'on peut étudier désormais en distinguant métalepse rhétorique et métalepse ontologique.
Sorte de "court-circuit" dans l'organisation du discours, la métalepse modifie, substantiellement, la donne du structuralisme, pour lequel la métaphore et la métonymie sont les figures de prédilection. Procédé troublant et rebelle, la métalepse nous rappelle que dans le récit fictionnel, contrairement au récit factuel, le monde narré est ontologiquement dépendant de l'acte de narration qui l'engendre, mettant en relief le corollaire inavoué de la formule de Coleridge : la "suspension volontaire de la crédulité".
