Une pure merveille !
Un roman d'une grande beauté, drôle, fin, extrêmement lumineux sur des sujets difficiles : la perte de
l'être aimé, la dureté de la vie et la tristesse qu'on barricade parfois... Elise franco-japonaise,
orpheline de sa maman veut poser LA question à son père et elle en trouvera le courage au fil des pages,
grâce au retour de sa grand-mère du japon, de sa rencontre avec son extravagante amie Stella..
Ensemble il ne diront plus Sayonara mais Mata Ne !
J'y étais. Le samedi matin, il nous fallut abandonner les pièces - une dizaine de pièces de 7 - faute de munitions. Les Versaillais étaient tout près....
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J'y étais. Le samedi matin, il nous fallut abandonner les pièces - une dizaine de pièces de 7 - faute de munitions. Les Versaillais étaient tout près. Dans l'avenue de Saint-Mandé... Il pleuvait à verse... A côté de nous, depuis trois jours, le cadavre d'un cheval, tué par un obus, qui empestait l'air... Nous ne restions plus guère qu'une quinzaine... Je me souviendrai toujours de la dernière nuit que je passai là. Accroupis, avec deux artilleurs, dont l'un blessé au bras enveloppé d'un linge rouge, dans le caveau de Morny. A côté de nous, un tas d'obus qui n'étaient pas de calibre... L'artilleur blessé jurait : "Nom de Dieu ! sommes-nous encore trahis !" Nous étouffions là-dedans... Je sortis un instant... Quel spectacle !... Tout Paris, au-dessous de nous, flambait comme une gigantesque fournaise... La moitié de la ville disparaissait sous un nuage colossal. Noir, noir, plus noir que de la poix... A cette heure-là, on ne se battait pas... Quel silence !... Je montai, une cinquantaine de pas à peine, jusqu'à la pyramide blanche - tu sais, le monument de Beaujour. La porte du caveau circulaire était grande ouverte. Une dizaine d'artilleurs ronflaient sur des tas de couronnes jaunes... Vers onze heures du matin, nous partions tous. Il était temps. Quelques heures encore, et nous étions bel et bien pris par les fusiliers marins... (Extrait)