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"Les Français ont fait en 1789 le plus grand effort auquel se soit jamais livré aucun peuple, afin de couper pour ainsi dire en deux leur destinée, et de séparer par un abîme ce qu'ils avaient été jusque-là de ce qu'ils voulaient être désormais". Cette formule de Tocqueville (l'ancien régime et la révolution) s'applique parfaitement à la pensée de La Fayette. Les jugements extrémistes de nombreux politiques français ont brouillé son message.
Haï par les Jacobins, redouté par Napoléon Ier, détesté par les rois de la restauration, méprisé par Louis-Philippe, il a les idées de notre époque. Antiesclavagiste, favorable à l'abolition de la peine mort, militant pour une séparation absolue des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires, plaçant une Déclaration des Droits avant la Constitution, il est un vrai démocrate... qui recherche une formule de monarchie constitutionnelle à l'anglaise.
Mais tous les rois le décevront ! Notre constitution de 1958 reprend tous ses principes... sauf deux entorses majeures à la séparation des pouvoirs : un parlement qui peut renverser un gouvernement, et un président qui peut dissoudre la Chambre des députés. Acteur majeur des débuts de la Révolution, acteur majeur à nouveau de celle de 1830, La Fayette mène une réflexion "sur le vif" qui est notre héritage républicain à un moment où les peuples songent aujourd'hui à une Europe vraiment démocratique, ou l'on pense aussi à une sixième république.
A travers ses Mémoires et sa correspondance, le lecteur découvrira le fil de sa pensée et revisitera quelques grands faits de la Révolution que nous pensions tous connaître par coeur.
