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Nous venons des terres aurifères, pétris d'arguments, brûlés de soleil. Nous venons de la grande terre des conquérants assoupis, qui n'ont rien perdu de leur morgue, dans le faste des ruines. Et nous emportons le chant des bardes et les épopées des chefferies qui parcouraient la terre à dos de cheval, couvertes de givre et de lichens, comme bois de rennes à l'automne. Nous venons de la longue nuit du monde, dans la nudité du silence parfaire nos rêves d'infini et de conquête.
Terres devant nous, hautes terres magellaniques des découvreurs de caps et d'embruns ! Nous venons à la mer dans l'éblouissement d'une rencontre, le vol d'un pétrel, l'écume d'une vague, le destin amuré à l'horizon. Nous venons avec nos mains d'hommes recevoir le sacre du vent et de l'eau, veilleurs de longue haleine à l'histoire effeuillée. Et nous inventerons les portants qui nous mèneront aux rivages inconnus traversés d'oiseaux et d'énigmes, coureurs de vents, cartographiant les terres inconnues dans le sillon du jour.
C'était de grandes méharées et de grands vaisseaux chargés d'hommes et de rêves.