Masculin-Feminin. Regards Croises D'Une Peintre Et D'Un Photographe Sur Des Nus Anonymes

Malaucène, marché des artistes, août 1996. Françoise Somson, peintre grenobloise, offre ses dessins au regard des passants. Patrick Rana-Perrier, photographe lyonnais, s'y arrête et le dialogue s'engage. Passion partagée pour le thème du nu. Débat nourri à propos de vision et d'interprétation du corps, statique ou en mouvement ; esquisses au crayon parfois rehaussées de couleurs ou sculptures de lumières photographiées en noir et blanc... Décision est prise, sous le ciel de Provence, d'un travail en commun. Ainsi, de 1997 à 2000, plusieurs modèles amateurs, des cieux sexes, vont être invités à poser en lumière naturelle sous les regards croisés des deux artistes. Deux sensibilités, deux techniques, deux manières de (re) présenter le corps se confrontent, se répondent, se complètent. Telle se veut être la dynamique de l'exposition Images en duo née de cette rencontre. Les dessins sont énergiques. rythmés, parfois violents. Les photographies, d'une composition rigoureuse, jouent sur la palette des gris, du noir profond au blanc pur, associent des parties de corps à des fonds drapés, allient aux textures de la peau celles des étoffes. Chacune de ces images dégage une étrange sensualité et, selon le regard qu'on lui porte, invite au rêve ou attise le désir, quand une touche d'humour ne vient pas brouiller les pistes. Après avoir été exposé en région Rhône-Alpes et dans diverses villes du sud de la France, ce travail est aujourd'hui rassemblé dans Masculin-Féminin. Quelques images de chacun des artistes complètent celles produites lors des séances communes. Comme l'écrit en introduction Muriel Denis, les photographies d'abord, les dessins ensuite, " racontent une histoire, une histoire toute simple, à fleur de peau, une belle histoire d'homme et de femme ". Il y est question du jeu, de la liberté et de l'attente. Il y est aussi question du trouble, du doute et de la crainte. Il faut dès lors " résoudre l'énigme de l'autre, comprendre le langage silencieux des corps, trouver l'alchimie qui fait naître l'envie, capter l'éveil des sens ". Les corps jusque-là figés dans leur solitude se cherchent puis se rencontrent, s'observent ou s'opposent, se lient puis se délient, s'abandonnent enfin. La puissance devient ainsi douceur, le contact se fait caresse, le regard, sensuel.