Dominique Bourel du CNRS nous propose une biographie monumentale de Martin Buber, philosophe et mystique juif qui fut un sioniste de la première heure. Dominique Bourel a mis près de 20 ans pour regrouper une documentation considérable autour de la vie et de l’oeuvre de cet intellectuel infatigable qui croisa Kafka, Gandhi, Jung, Heidegger et Stephen Sweig.
Celui qui écrivit “Les récits hassidiques” est un personnage tout à fait fascinant dont la vélocité intellectuelle et la capacité à synthétiser les concepts paraissent démentielles à un humain ordinaire. Comme l’écrit
Dominique Bourel : “ Quand on entreprend de brosser le portrait de Buber, il est difficile de se tenir entre l’admiration univoque et la critique systématique, entre l’archange du judaisme du XXeme siècle et le salonnard viennois épicurien, le professeur allemand dans sa tour d’ivoire au milieu des sables, “Weimar au désert”. Buber est en effet un personnage contrasté qui n’est pas cousu d’une pièce, loin de là. Une des blagues qui circulaient sur son compte après son arrivée à Jérusalem en 1938 concernait son hébreu ; quelqu’un qui s’enquit un jour de son niveau dans cette langue s’entendit répondre : “ Il en sait déjà assez pour être incompréhensible.”
Buber fut très vite une icone après voir été très tôt un mythe. Un jour qu’il était venu écouter une conférence de Husserl, Buber se présenta à lui et Husserl déclara : “ Buber, le vrai Buber? Buber n’existe pas; Buber, c’est une légende !”
De Vienne à Jérusalem, Buber a pour ainsi dire vécu plusieurs vies, comme les plus chanceux des Juifs d’Europe. Les années d’apprentissage le conduiront du monde traditionnel et éclairé de son grand père à Lemberg, à celui de l’université allemande et à l’univers sioniste. Révoqué en 1933 il se trouvera confronté au cataclysme de l’avilissement puis de la destruction du judaïsme allemand et européen.
A partir de 1938 installé définitivement à Jérusalem il viendra grossir les rangs des Juifs de Mitteleuropa sans lequel l’Etat d’Israel aurait pu difficilement naitre, survivre et grandir.
Dominique Bourel remonte la ligne de vie de cet immense esprit, traversant les évènements, s’arrêtant sur les rencontres, éclairant les contradictions avec une minutie confondante. On apprend énormément sur Buber mais aussi sur les milieux qu’il fréquenta. Une très grande biographie et un magnifique livre l’histoire.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
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Dominique Bourel du CNRS nous propose une biographie monumentale de Martin Buber, philosophe et mystique juif qui fut un sioniste de la première heure. Dominique Bourel a mis près de 20 ans pour regrouper une documentation considérable autour de la vie et de l’oeuvre de cet intellectuel infatigable qui croisa Kafka, Gandhi, Jung, Heidegger et Stephen Sweig.
Celui qui écrivit “Les récits hassidiques” est un personnage tout à fait fascinant dont la vélocité intellectuelle et la capacité à synthétiser les concepts paraissent démentielles à un humain ordinaire. Comme l’écrit Dominique Bourel : “ Quand on entreprend de brosser le portrait de Buber, il est difficile de se tenir entre l’admiration univoque et la critique systématique, entre l’archange du judaisme du XXeme siècle et le salonnard viennois épicurien, le professeur allemand dans sa tour d’ivoire au milieu des sables, “Weimar au désert”. Buber est en effet un personnage contrasté qui n’est pas cousu d’une pièce, loin de là. Une des blagues qui circulaient sur son compte après son arrivée à Jérusalem en 1938 concernait son hébreu ; quelqu’un qui s’enquit un jour de son niveau dans cette langue s’entendit répondre : “ Il en sait déjà assez pour être incompréhensible.”
Buber fut très vite une icone après voir été très tôt un mythe. Un jour qu’il était venu écouter une conférence de Husserl, Buber se présenta à lui et Husserl déclara : “ Buber, le vrai Buber? Buber n’existe pas; Buber, c’est une légende !”
De Vienne à Jérusalem, Buber a pour ainsi dire vécu plusieurs vies, comme les plus chanceux des Juifs d’Europe. Les années d’apprentissage le conduiront du monde traditionnel et éclairé de son grand père à Lemberg, à celui de l’université allemande et à l’univers sioniste. Révoqué en 1933 il se trouvera confronté au cataclysme de l’avilissement puis de la destruction du judaïsme allemand et européen.
A partir de 1938 installé définitivement à Jérusalem il viendra grossir les rangs des Juifs de Mitteleuropa sans lequel l’Etat d’Israel aurait pu difficilement naitre, survivre et grandir.
Dominique Bourel remonte la ligne de vie de cet immense esprit, traversant les évènements, s’arrêtant sur les rencontres, éclairant les contradictions avec une minutie confondante. On apprend énormément sur Buber mais aussi sur les milieux qu’il fréquenta. Une très grande biographie et un magnifique livre l’histoire.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)