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Mars Violet est un roman total, un roman monstre. Oana Lohan met tout ce qui fait sa vie : son éducation, la révolution, l'homosexualité, les blessures et les deuils, la fuite, l'exil ou le retour, les amours et les errances dans ce texte pulsant comme un pogo endiablé. Furieusement intime et complètement rock. Le pivot du livre, c'est une nuit de décembre 89 aujourd'hui entrée dans l'histoire, le soir où les Ceausescu vont tomber, le jour où la Roumanie communiste va finir, pour entrer tout à trac dans le magma du capitalisme sauvage.
Mais cette Histoire avec un H majuscule a une tout autre saveur quand elle est racontée à chaud par une jeune fille un peu bizarre et son groupe d'amis, partis à la recherche d'un des leurs disparu, eux-mêmes égarés dans les circonvolutions d'une nuit de révolution qui mêle la panique à l'exaltation, l'incompréhension à l'inquiétude. Oana Lohan tisse une toile narrative où se mêlent et se croisent des souvenirs d'enfance, ceux de la Roumanie communiste dans laquelle elle a grandi, des souvenirs plus intimes ou formateurs, ceux de l'Europe postcommuniste où elle a poursuivi sa voie et sa soif d'expérience de la fin des années 80 à nos jours.
On croise des personnages rocambolesques, une mère psychiatre, un père doux rêveur, des amis un brin barrés, quelques personnages borderline, et une grand-mère adorée. Cette foule décrite en touches de couleurs vives dresse, au-delà du portrait autobiographique, celui d'un pays aujourd'hui disparu, la Roumanie d'avant 89. "Se barrer à vingt ans d'un pays qui sort d'une dictature atroce et ouvre ses frontières, rien d'étonnant là-dedans.
Franchement ça a été la première chose réellement bandante qu'elle ait faite depuis sa naissance. Ou presque"
MARS VIOLET
Ça vient de sortir, cousu de mains de maitres aux Éditions du Chemin de fer.
Bucarest, Décembre 1989. La Roumanie des Ceausescu bascule.
Dans la nuit sans fin, d'espoirs, de violences et d'angoisses, d'une révolution qui gronde, Lucia et ses amis cherchent désespérément Dan, un ami disparu dans les bruits sourds des ruelles sombres de la ville.
Portrait à vif d'une génération et d'un pays, de l'avant comme de l'après, revu au prisme de l'exil puis du retour, des espoirs et des désillusions qu'une nuit à fait naître.
Mars violet entremêle les époques, l'intime et le collectif, dans un récit singulier, fort, fragmenté des effluves des saisons de l'enfance et des bris d'une mémoire familiale grandit dans les plis et la grisaille d'un régime à la noirceur mégalo.
C'est les souvenirs d'une jeunesse, et les murs décrépis d'une ville, Bucarest, les manques et la fièvre de l'après.
On y parle d'amour, d'homosexualité, de ceux que l'on a laissé en chemin, d'amitiés éparpillées.
C'est l'écho d'une chanson, Tracy Chapman "Talkin' bout a révolution", qu'on écoute en boucle sur les bandes usées d'une vieille cassette TDK.
C'est le coffre d'une Dacia qui explose sous le poids des mots d'Oana Lohan. Ça claque fort et c'est aussi pétri de tendresse.
Mars violet, c'est tout ça à la fois, un grand désordre vibrant d'intensité, de sens et de sentiments, qui résonne de tous ses éclats, noirs comme lumineux et qui dessine en creux le portrait d'une gamine devenue grande, traversée des voiles, des ombres et des espoirs nés dans le fracas d'une révolution de décembre.
Un texte comme un cri d'amour à un pays la Roumanie.
L'édition est magnifique, comme souvent au Chemin de fer, enrichie des dessins à l'encre d'Oana Lohan.