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Il passe un long manteau sur son pyjama à la Jean Gabin et une jolie paire de chaussures qu'il vient de s'acheter aux Galeries Lafayette, et il sort. Dehors il fait un peu froid. Rue des Martyrs, quand tous les magasins sont bouclés, on les sent les martyrs. Ca monte, Paul porte sa croix, I N R I , il se dit, I-mpuissant , N-'écrira R-ien, I-nexpiable. Il se traîne jusqu'à l'avenue Trudaine. Ses jambes sont de bois.
Au creux de ses reins, cette pesanteur sourde, obscure, l'échine qui demande grâce, l'éreintement. Une femme en anorak et à cheveux rouges sort du 29. Où elle va à cette heure ? L'indifférence de Paul à ce sujet est incommensurable. Il s'assied sur un banc, il regarde ses chaussures, sorte de mocassins avec des glands sur le dessus "Comment j'ai pu acheter ça ? La vulgarité de ces pompes. Je vais aussi mal que ça ? " Sans doute.
Et il est ridicule aussi.
...Et bon livre !
Je viens de terminer Macérations, de Philippe Miquel, publié à la P'tite Hélène Éditions.
"Paul, à l'âge mûr, se découvre ou se sent une tardive envie d'écrire. Il contacte Hortence qui n'est pas vraiment une éditrice, mais qui pourrait quand même l'aider à se lancer dans une œuvre créatrice. Mais Paul n'a pas d'idée (s). C'est un parisien qui déambule dans la ville à la recherche d'un sujet, d'idées qu'il laisse macérer et dont il s'imagine qu'il va en sortir quelque chose. Il glisse dans des lieux célèbres de Paris comme dans ses souvenirs qui pourraient accoucher d'un roman. Il y a du sexe, mais bien plus dans le passé que dans ses désirs d'Hortense, des petits plaisirs qui ne mènent pas au grand œuvre, et la musique, l'Opus 111 de Beethoven que Clara Dumont interprète au piano et dont elle exigera que l'enregistrement soit détruit. Elle aussi macère dans l'attente d'une interprétation unique, géniale, aboutie. Mais qui ne viendra pas plus que le livre de Paul. Je viens de fermer le livre alors que Paul commence à l'écrire. Mais il n'a plus le son. Il n'y a plus cette petite musique. Bonne lecture. Et bon livre." - Alain A.