Limoges remarquable - Beau Livre

Limoges. Ce n'est peut-être pas le Limougeaud qui en parle le mieux. Sa nature taiseuse et son humilité quasi... maladive en font parfois un ambassadeur timoré, pas toujours prompt et déterminé à porter haut les couleurs de sa ville et à défendre l'identité de son peuple. Et pourtant, le lien à la ville est là, profond et intime. Car tout aussi discret que soit l'autochtone, il n'en est pas moins profondément attaché à sa cité, ses figures et ses totems.
Sa Gare des Bénédictins, bien sûr, avec son campanile en guise de phare tutélaire. Ou bien son Hôtel de ville à qui il n'a manqué qu'un fougueux baiser pour entrer un peu plus dans la légende. On pense aussi aux trolleys et au vaste déploiement de fils qui fait du ciel de Limoges une véritable toile. Sans oublier sa fameuse porcelaine qui garantit à sa ville originelle une résonance internationale.
Du Limoges, sinon rien. Mais l'âme de Limoges, elle se glisse aussi dans les clameurs chauvines des travées de Beaublanc, antre du CSP, un soir de match. Ce même esprit que distillent, en ce vendredi d'octobre, jour de la Frairie des Petits Ventres, les vapeurs populaires et les odeurs gourmandes qui recouvrent le quartier de la Boucherie. Limougeaud d'adoption depuis une vingtaine d'années, Fabrice Varieras tente, en s'éloignant des clichés trop clichés, de montrer ce sentiment d'appartenance à travers le regard que portent les habitants sur leur ville.
Places, bancs, parcs, portes et détails racontent souvent mieux le quotidien de Limoges que des images convenues qui flattent les esprits mais semblent dépouillées de la poésie du hors-champ et de l'esthétique de l'ordinaire. Comme dans ses précédents ouvrages, il tentera de dresser un portrait intime de ce territoire, sans intention de le magnifier ou de le mépriser. Un regard réaliste et exigeant sur l'espace vécu si cher à Raymond Depardon.
Des textes intimes et sincères qui traduisent aussi un attachement à cette ville qui se mérite plus qu'elle ne s'offre au premier regard.