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Pour avoir de l'avancement, lutter contre l'ennui d'une petite ville de garnison et échapper à un contexte politique particulièrement détestable, Joseph Chevallier - vingt-cinq ans, lieutenant de cavalerie - obtient un poste en Indochine : il est mis à la disposition du gouverneur, Paul Doumer, pour deux ans. Dès son arrivée, il va de surprise en surprise, rien ne se passe comme prévu. Condamné à l'inaction pendant quatre mois à Hanoi, mis à la disposition du Résident Supérieur du Laos, il participe à la répression du soulèvement pomiboun.
Chargé d'accompagner Zaccharine, le roi de Luang Prabang dans un long voyage qui les mène de Vientiane à Luang Prabang, via Hanoi et Dien Bien Phu en passant par les Etats du Deo Van Tri, il observe et prend note. Il relate tout ce qu'il voit et ressent, dans de longues lettres à son père. La totale liberté de ton de cette correspondance donne à ce document un intérêt exceptionnel. Il ne faut pas oublier qu'à cette époque, les membres de l'armée (la Grande Muette) étaient tenus de respecter impérativement la loi du silence.
D'une plume alerte, parfois féroce ou ironique, il décrit sans concessions les mesquineries des fonctionnaires, le manque de solidarité entre les différents corps de l'armée, les colons et les indigènes et se passionne pour la question du Siam au moment où Delcassé négocie avec la Grande Bretagne. Ces lettres constituent un témoignage indispensable pour tous les spécialistes du Tonkin et du Laos et un document passionnant pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire du Vietnam et du Laos.
