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" Au-delà de la condition de migrant, ce que ces hommes et ces femmes nous donnent la charge de penser, c'est tout à la fois la difficulté de vivre dans un lieu qu'on n'a pas choisi et qui est (devenu) invivable, la responsabilité des Etats européens dans la stratification de la mobilité mondiale aussi bien que dans les conflits mondiaux, la légitimité du rapport d'appropriation à un territoire "national", la question de savoir où aller lorsqu'on ne peut pas rester là où l'on est, et qui choisit et décide du lieu où l'on peut aller.
Au fond, les migrants de Calais sont pris dans un étau qui les prive doublement de choix : ils n'ont pas choisi de naître et de grandir dans leur pays d'origine et, une fois parvenus à Calais, on leur signifie qu'ils ne peuvent pas non plus choisir un nouveau lieu de vie. Que signifie alors cette vie en transit ? Peut-on vivre sans chez-soi dans un lieu comme la "jungle" ? Que vivent et que veulent ces hommes et ces femmes réfugiés en pareils lieux ? Pourquoi la France condamne-t-elle les migrants illégaux à se replier dans ces espaces ? Quelle alternative peut-on raisonnablement envisager ? " Indissociablement enquête sociologique et philosophique, ce livre explore la condition de migrant, d'abord au travers de leur point de vue, ensuite par une analyse du vocabulaire dans lequel on les enferme, on les regarde et par lequel ils se racontent.
Mais on voit aussi ce que leur condition nous dit de la politique d'accueil et d'asile de l'Etat français, des liens contradictoires entre démocratie et politique d'immigration, de la façon dont la France ne représente plus un " bien " pour les immigrés en quête d'asile, en dépit de sa longue tradition de défense des libertés et des droits humains.