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Les Jeunes constellations, roman-journal, raconte un retour vers l'Orient, ou l'inverse de l'arrivée de Rayas Richa en Occident, cette terre "avec vue sur les difficultés économiques" où la magie semble s'être atténuée depuis que l'Antiquité a inventé les constellations et les a dessinées en imaginant des lignes virtuelles entre les étoiles qui forment ces animaux que l'on retrouve dans les cahiers de dessins d'enfants.
L'Enfance, le narrateur en sort tout juste. C'est un jeune bâtard à la recherche de son père installé en Orient. La fraîcheur de son regard est à l'épreuve tout au long de son périple décillant entre Ulm, le pays Souabe et Venise, voyage durant lequel il assiste à maintes scènes frappantes, de la plus bucolique à la plus violente. Et comme dans un conte oriental, c'est ainsi que lui est enseignée la vie en des leçons que son précepteur blasé mais jouisseur commente de la plus joviale des façons.
Ripailles et pogroms, siestes et viols, fuites et coups se succèdent d'étape en étape, avant que le jeune homme puisse se repaître de toutes les beautés de Venise, de ses libéralités et de son commerce. Au terme de quelques semaines de travail salarié ennuyeux égayé par la seule présence d'une belle secrétaire, il perd son précepteur mais empoche le viatique qui lui permettra d'embarquer vers Istanbul pour d'hypothétiques nouvelles aventures.
Récit d'aventure faisant semblant d'ignorer le Nouveau Roman en même temps que roman de formation grave et truculent, Les Jeunes Constellations entrecroisent les fils de la création littéraire avec une impressionnante maîtrise. Il semble en effet que le projet de l'auteur consiste à concilier Stevenson et Arno Schmidt, Beckett et B. Traven. Son livre, plein d'audaces stylistiques assez inédites, se distingue en particulier par des images stupéfiantes.
Elles sont même caractéristiques, et paraissent ne pouvoir jaillir que sous le dictée d'un homme à la recherche de sa langue propre, entre l'arabe maternel et le français d'accueil. Ces trouvailles dignes d'un créateur de premier ordre constituent des points d'orgue dans le cours d'un récit monté par un écrivain aussi roué qu'habile aux entrelacs et contrepoints et qui n'hésite pas devant l'outrance inusitée ou le verbe idoine.