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Une chronique familiale tendre et lumineuse. Alors que le narrateur vient d'apprendre qu'il sera bientôt père d'une petite fille, le téléphone sonne. A l'autre bout du fil, sa mère. Le bateau de son père, Jean, vient de sombrer " corps et biens ". Jamais Jean ne saura que sa petite-fille s'appellera Louise. Peut-être pour lui rendre hommage, peut-être pour apaiser son chagrin, le narrateur se met alors à écrire le roman de ce coquillier blanc et bleu, Ar c'hwil, né presque en même temps que lui.
Derrière l'histoire du bateau, c'est celle du père, de ses peines et de ses drames qui se profile. Mais aussi celle d'une famille, faite d'amour filial et fraternel. Une famille simple, où la pudeur des sentiments est de mise. Une histoire intimement liée à celle de la Bretagne, de la pêche et des crises qui ont jalonné la seconde partie du xxe siècle. A travers une chronique à la fois intime et sociale évoluant sur près de soixante ans, Grégory Nicolas rend hommage au courage des pêcheurs et de ceux qui les attendent.
Quand l'intime rejoint la chronique sociale
Lorsque son père marin pêcheur disparaît en mer avec son coquillier Ar c’hwill, le narrateur entreprend l’écriture de la biographie familiale, en hommage à cette figure paternelle tant admirée. Au travers du parcours et des drames de cet homme, c’est toute l’histoire de la Bretagne, de la pêche et de ses crises sur ces soixante dernières années qui se dessine peu à peu.
Autobiographie ? Fiction ? On ne sait, mais on ne peut que croire à ce récit où l’intime rejoint la chronique sociale, conjuguant émotion, surprises et tension, enfin intérêt d’un témoignage hautement représentatif que l’on jurerait vécu. D’un côté, ce roman est l’histoire d’une relation filiale, touchante d’amour et de pudeur, que transfigure la présence taiseuse mais généreuse d’un homme dont on découvre peu à peu les peines et les drames secrets. De l’autre, il dresse un tableau vivant de la rude profession de marin pêcheur, à la fois passion et sacerdoce aux premières loges des périlleuses et capricieuses grandeurs de la mer, mais, dans tous les cas, de plus en plus étranglée par les crises depuis l'ouverture à la concurrence européenne. La narration est notamment l’occasion de se souvenir des scènes de guerre civile, qui, en 1994, accompagnèrent à Rennes les manifestations de marins pêcheurs rendus fous de rage par l’effondrement des cours du poisson et par la hausse du gasoil.
Voici un livre qui s’aborde avec le coeur, tant ses mots désarmants de délicatesse et d’élégance, en toute simplicité, expriment d’humanité, d’amour filial et paternel, d’admiration et de respect pour ces hommes chevillés à leurs valeurs entre terre et mer bretonnes. C’est d’ailleurs cette tendresse pour ses personnages, en même temps que les détails clairement personnels dont l’auteur parsème son texte – comme ses goûts littéraires et oenologiques - , qui achève de parfaire l’impression autobiographique.
Un bien bel hommage à la terre bretonne et à ses habitants, à ses beautés et à ses rudesses, que ses travailleurs de la mer en particulier ont gravées dans l’âme et la chair.